Communiqué de presse du CEDEP (Centre d’étude et de défense de l’école publique)
Une seule bonne solution pour le CEDEP: une fréquentation facultative des cours de religion et de morale et l’instauration d’un véritable cours intitulé « Éducation philosophique, éthique et citoyenne » vraiment commun à tous!
Le projet de Mme Simonet, Ministre de l’Enseignement obligatoire, d’instaurer un « tronc commun » à l’ensemble des cours dits « philosophiques » (religions catholique, protestante, israélite, islamique, orthodoxe, et morale non confessionnelle) avait conduit le CEDEP (Centre d’étude et de défense de l’école publique) à prendre une position publique, le 27 avril 2012 déjà (téléchargeable sur www.cedep.be).
Aujourd’hui, la ministre Simonet se réjouit de l’initiative lancée par les 5 cultes dispensant ces cours dits « philosophiques » et consistant à, en quelque sorte, intégrer dans leurs référentiels respectifs le « tronc commun » que souhaitait la ministre.
Que les cultes proposent d’intégrer dans leur enseignement l’extension de fondements constitutifs du cours de morale, non confessionnel s’entend, à savoir le questionnement philosophique et l’éducation à la citoyenneté, en y ajoutant une touche de dialogue interconvictionnel, n’est certainement pas pour déplaire aux partisans du Libre examen, de l’épanouissement individuel, de l’esprit critique et de la liberté de conscience.
Mais les modalités de cette proposition continuent à poser question(s).
Les matières précitées, au lieu d’être enseignées séparément aux enfants inscrits aux différents cours de religion/morale, devraient faire l’objet d’un cours commun à tous les élèves, donné dans le cadre du programme obligatoire, par des professeurs formés particulièrement à l’enseignement de ces matières communes. Comment en effet imaginer un dialogue et des échanges féconds si l’on continue à séparer les élèves, et ce sur une base religieuse?
De surcroît, les professeurs des cours de religion ne sont pas formés dans ce but, ils ne sont pas là pour cela. Leur rôle est d’enseigner une option philosophique particulière et on ne peut en même temps attendre d’eux qu’ils enseignent les différentes manières de penser, de façon équilibrée, neutre et impartiale. C’est clairement contradictoire, voire schizophrénique. Dans l’intérêt même des élèves, la question des titres « ad hoc » pour dispenser cet enseignement reste donc une exigence incontournable.
Enfin, rien de rassurant ne nous est précisé quant à la façon dont ces cours seront donnés puisque ce contrôle demeure du ressort de chacune des inspections religieuses. Sur lesquelles la Fédération Wallonie-Bruxelles n’a elle-même pas de contrôle.
En conclusion, pour le CEDEP, la situation actuelle correspond à des clivages politiques et historiques dépassés, l’école restant aujourd’hui le dernier lieu où on demande à quelqu’un de s’identifier religieusement avant d’y entrer (1).
L’école doit être un lieu de transmission de savoirs, de savoir-faire et elle doit développer aussi chez le jeune des capacités d’analyse et un esprit critique.
Pour ce faire, conformément aux conclusions de l’audition récente de trois constitutionnalistes au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la fréquentation des cours de religion et de morale devrait devenir facultative pour les élèves (2) et, en utilisant les deux heures à nouveau disponibles, un cours commun intitulé « Éducation philosophique, éthique et citoyenne » devrait être dispensé à tous les élèves, et cette fois sans les séparer, pendant leur scolarité obligatoire.
(1) On ose à peine imaginer le tollé que pareille obligation susciterait si elle était d’application dans un milieu professionnel…
(2) Ces cours restant obligatoirement organisés par les écoles officielles en fonction des demandes, conformément à la Constitution.