Fin de grossesse accidentelle: le soutien moral d’abord

Témoignages et expériences de terrain confirment l’avis des médecins et psychologues : la loi doit permettre le deuil, certainement pas l’imposer.

Je ne comprends pas pourquoi la loi devrait m’imposer une manière de vivre cette période qui a été très traumatisante. Chacun cherche les moyens, présents dans son entourage ou dans sa propre expérience, pour s’en sortir. Pour moi, il s’agit de ma liberté individuelle.

Véronique, Marcinelle

Les rituels doivent pouvoir être organisés selon les volontés et les sensibilités de chacun et de chacune ; sans codification, sans uniformisation et sans ajout de démarches administratives.

Sur le plan psychologique, falsifier la réalité en délivrant un acte naissance pour un être qui n’a jamais vécu, est-ce réellement atténuer le deuil ou, au contraire, l’aggraver ?

De même, contraindre toutes les femmes à rendre publique une fausse-couche est une intrusion violente dans leur vie privée. Sans parler de l’obligation de se rendre à la commune pour obtenir un acte de naissance, à l’endroit même où d’autres sont présents avec leur nourrisson…

La proposition de loi du CD&V équivaut à imposer une façon de faire son deuil et ignore les dispositifs existants. Loin d’humaniser le deuil, de telles mesures pourraient se révéler néfastes pour la santé psychique des femmes comme pour leur vie sociale et professionnelle. Des protocoles et des bonnes pratiques en la matière existent dans plusieurs hôpitaux qui consignent dans le dossier médical des photos et empreintes des pieds et des mains, bracelet d’identification, etc. ; de quoi répondre à un certain nombre de demandes visant à conserver des traces.

flambeauDans l’ensemble des Régions, des intervenants du mouvement laïque accompagnent gratuitement les familles lors des cérémonies de funérailles. Une écoute respectueuse des attentes des proches et un soutien personnalisé sont assurés afin de rencontrer les demandes telles qu’elles sont exprimées.

Plus d’infos sur les cérémonies de funérailles laïques

Après une interruption médicale de grossesse à 4 mois et demi, on est venu m’annoncer que c’était “une petite fille“ et que je pouvais aller la visiter à la morgue. J’ai refusé. Alors le médecin m’a conseillé de réfléchir, car ce serait sans doute bon pour “mon deuil”, ajoutant que le corps resterait là 3 jours avant d’être inhumé dans la pelouse des étoiles du cimetière communal. J’ai ressenti une grande colère car on cherchait à susciter chez moi un processus de deuil d’un enfant alors que je ne vivais et ne voulais vivre que la déception d’avoir perdu un espoir de bébé.

Caroline, Bruxelles