Les faux débats

Considérant que l’acte d’enfant sans vie enregistré au registre des décès serait trop difficile à supporter psychiquement, le CD&V prévoit de le remplacer par un acte de naissance. Cet acte serait obligatoire dès 140 jours de grossesse (20 semaines, soit la moitié de la durée normale), et facultatif avant 140 jours, et cela sans délai minimal.

Statut foetus: Abaisser le seuil de 180 jours à 140 jours est un faux débat

Abaisser le seuil de 180 jours à 140 jours est un faux débat

Le CD&V justifie la nouvelle limite de 140 jours en invoquant les progrès de la néonatalogie et les critères de viabilité reconnus par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Cependant :

  • L’OMS fixe une limite de 140 jours (20 semaines de grossesse ou 22 semaines d’aménorrhée) pour l’enregistrement systématique des fausses-couches à des fins statistiques, pour analyser et mieux prévenir la mortalité fœtale dans le monde. Elle précise qu’il ne s’agit pas d’un critère de viabilité au sens médical.
  • Il n’y a aucune chance de survie à 140 jours de grossesse.
  • les soins intensifs ne sont habituellement pas prodigués avant la 24e semained’aménorrhée. Ils le sont systématiquement après 26 semaines. Dans l’intervalle entre le début de la 24e semaine et la fin de la 25e (« zone grise »), les soins intensifs néonataux sont envisagés au cas par cas. Les séquelles liées à la grande prématurité sont fréquentes et peuvent être dramatiques.

Obliger à prendre un congé de maternité est un faux débat

Selon le CD&V, la femme qui a perdu une grossesse à partir de 140 jours serait obligée de prendre un congé de maternité de 3 mois. Elle ne pourrait en réduire la durée qu’en effectuant des démarches expresses et après avoir obtenu l’accord d’un médecin. Empêchée de reprendre le travail, de retrouver une vie sociale et active, elle serait donc assignée à un repos forcé, seule chez elle, sans nourrisson.

Cette modification de la loi sur le congé de maternité relève d’une conception paternaliste et culpabilisatrice : une femme, enceinte ou pas, doit pouvoir prendre ses décisions en toute indépendance.

C’est déjà tellement pénible de devoir accoucher d’un enfant mort, dans une salle d’accouchement normale, au sein d’une maternité, de donner la mort à côté de femmes qui donnent la vie, et de rentrer les mains et le ventre tout vide chez soi, où tout rappelle l’enfant attendu ; alors, imposer un congé de maternité quand il n’y a pas de bébé, c’est d’une cruauté sans nom.

Julie, Bruxelles

Vouloir humaniser le deuil via un acte de naissance est un faux débat

La proposition de loi du CD&V équivaut à imposer une façon de faire son deuil et ignore les dispositifs existants. Loin d’humaniser le deuil, de telles mesures pourraient se révéler néfastes pour la santé psychique des femmes comme pour leur vie sociale et professionnelle.

Aucune mesure d’accompagnement psychologique n’est envisagée, ni aucune harmonisation des protocoles et bonnes pratiques déjà d’application au sein de certains hôpitaux et maternités.

Pour le CAL, la loi doit permettre le deuil, pas l’imposer.

Il ne faut pas culpabiliser ceux et celles qui ne désirent pas que l’état civil garde une trace de la grossesse. Il faut respecter tous ceux qui préfèrent que cet échec reste du domaine de l’intime et de la vie privée et non du domaine public.

Josette, Liège