Espace de libertés | Janvier 2021 (n° 495)

Chères lectrices, chers lecteurs,


Édito

Alors que nous tournons la page d’une année 2020 difficile, plus que jamais les yeux sont rivés en direction de 2021, en quête d’espoir. Cette nouvelle année augure-t-elle la fin de la pandémie, et, pour chacun d’entre nous, le retour à une vie sociale plus chaleureuse ? Plus normale en somme ? Je vous le souhaite, mais les faits étant plus têtus qu’un lord-maire, ces vœux ne valent pas grand-chose s’ils ne sont pas étayés par des marques d’espoir. Car nous avons des raisons d’espérer !

La première est que notre système de santé a tenu bon. Certes, au prix d’un surinvestissement du personnel soignant. Au prix aussi d’un confinement qui a décimé les maisons de repos et de soins. L’héroïsme des soignants doit faire partie de la mémoire de 2020. De ce que nous emporterons précieusement avec nous comme le témoignage d’une force de solidarité qui n’a jamais faibli. Qui, alliée à la créativité de tous, a réinventé l’enseignement, la culture, l’humour, et ce, bien au-delà de nos murs, à l’échelle planétaire. Les visioconférences ont fleuri, ainsi que les gigantesques concerts virtuels, les pièces de théâtre jouées sans public, les matchs de football devant des gradins déserts. Ma connaissance des apéros en live était nettement supérieure, mais j’ai apprécié la convivialité des apéros virtuels. Quant à saint Nicolas, il s’est éclaté, et a prouvé sa résistance extraordinaire au virus. Plus que jamais, il a été à l’écoute des enfants, de tous les enfants ! Y compris, grâce à de nombreux élans de solidarité, à l’écoute de ceux qui n’habitent pas dans de grandes maisons, avec d’imposantes cheminées. La Belgique a désormais un gouvernement fédéral et reste un État de droit : ce n’est pas rien. Derrière ce miracle, il y a des hommes et des femmes qui ont porté à bout de bras le maintien des institutions, des journalistes qui ont relayé sans relâche, en professionnels, les informations, en tentant de dégager le vrai du faux et qui ont encouragé les lecteurs à prendre leur mal en patience : trop de vies en dépendaient. Cette formidable résistance collective, c’est le cadeau que 2020 fait à 2021.

Bien sûr, il n’y a pas eu que des cadeaux. Il y a eu des limitations, parfois insupportables des droits et des libertés. La situation intenable des détenus, des sans domicile fixe, des sans-papiers. L’exclusion aggravée des groupes précaires face au digital. Ou encore la mise à l’arrêt de certains secteurs professionnels, l’augmentation de la cybercriminalité, la violence domestique, sexuelle, chez les femmes et les enfants. Les chiffres sont lourds. Et aujourd’hui, se profile la bataille du vaccin. De plus en plus de voix s’élèvent dans les cercles internationaux pour qu’il soit considéré comme un bien public. Mais 80 % des doses disponibles la première année du lancement ont déjà été achetées par les pays riches. Les scientifiques nous ont fait ce merveilleux cadeau, inespéré pour 2021 : sachons le partager. Chères lectrices, chers lecteurs, le Centre d’Action Laïque et moi-même vous souhaitons une belle année 2021. Qu’elle ne constitue pas une rupture, mais la continuité d’une année 2020 marquée au sceau de nos valeurs : qu’aurions-nous fait sans elles ? Sans elles, que ferions-nous demain ?