Espace de libertés | Mai 2019 (n° 479)

Édito

« La liberté est l’unique droit originel revenant à chaque homme en vertu de son humanité », affirmait le philosophe allemand Emmanuel Kant. Valeur essentielle, intrinsèque, elle est souvent attaquée, mais tout aussi farouchement défendue. Vous l’aurez compris, après l’égalité et la solidarité, nous clôturons notre trilogie des valeurs motrices de la laïcité par la liberté, que l’on retrouve transversalement au travers de nos mémorandums.

Centrale dans toute action initiée par la société civile pour asseoir le bien commun, elle est inhérente à l’être humain, elle le constitue, lui insuffle son énergie vitale. C’est la liberté qui nous pousse à ne pas nous soumettre, à prendre notre place au cœur de nos sociétés, à nous battre quand il le faut, bref, à mobiliser cette énergie créatrice si précieuse à la construction d’un monde meilleur.

Mais ne nous abreuvons pas naïvement de ces belles paroles : la liberté est également source de tensions. Exploité à l’extrême, le concept peut même se retourner contre certain.ne.s, lorsqu’il entre en confit avec la solidarité, jusqu’à briser les liens qui avaient été tissés afin de soutenir celles et ceux qui, un jour, ratent une marche et voient leur vie leur échapper. Elle est encore sous tension lorsque les libertés de croire ou de ne pas croire se mirent en chiens de faïence, au lieu de s’accorder finalement ce droit mutuel, dans le respect du socle des droits et valeurs fondamentales… Elle frôle même le danger lorsque libertés d’expression et de la presse sont malmenées, encore et toujours, malgré un siècle de luttes pour asseoir ces droits au Panthéon des intouchables démocratiques. Les enjeux demeurent et ressurgissent quelquefois là où on ne les attendait pas !

Dès lors, ce mois pivot qui s’ouvre sur notre liberté de choix électoraux, à différents échelons de pouvoirs, doit nous mobiliser sans failles. Ceci pour que, précisément, nos libertés demeurent celles que nous continuerons à faire croître, pour édifier cette société mâtinée de bienveillance et de respect mutuel. Un modèle que nous souhaitons pérenniser, enrichir et non laisser amoindrir par des velléités populistes ou extrémistes qui nous replongeraient dans un éternel recommencement de l’histoire. Après avoir ouvert cet édito avec un philosophe, nous le conclurons en toute logique avec la maxime d’un homme d’État de la Grèce antique, rappelons-le, berceau de la démocratie : « Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage » (Périclès).