Communiqués de presse

27 janvier : Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

27 janvier : Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste

L’honneur de la Belgique passe par une vigilance sans faille face au révisionnisme

Après la Seconde Guerre mondiale, 100.000 collaborateurs ont été sanctionnés, dont 53.000 devant les tribunaux militaires belges. Un certain nombre d’entre eux, résidant en Belgique, reçoivent encore des indemnités de la part de… l’Allemagne ! Alors que le 27 janvier 2021 marque le 76e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, le Centre d’Action Laïque condamne fermement cette situation et appelle le gouvernement à mettre en œuvre la résolution de 2019 visant à abroger ces pensions indignes et à mettre en place un comité scientifique visant à comprendre comment et pourquoi ceux qui ont trahi ont pu être récompensés financièrement durant des décennies.

Malgré l’annulation par les Alliés, à la conférence de Potsdam en 1945, des décrets édictés par Hitler, des milliers de ressortissants belges et étrangers résidant en Belgique ont continué à percevoir des indemnités de la part de l’Allemagne pour leur collaboration avec le régime nazi. Cette situation, présente également dans d’autres pays, choque et pose de nombreuses questions. Pour le Centre d’Action Laïque, cela entre en totale contradiction avec le travail de mémoire, le respect dû aux victimes du nazisme ainsi qu’avec les valeurs démocratiques. Pour la Présidente du CAL, Véronique De Keyser, le gouvernement a tout en main pour avancer sur la partie belge de ce dossier : « Suite à une mission diplomatique à Berlin et à des auditions en commission parlementaire, la Chambre a adopté en décembre 2019 une résolution visant à abroger le régime des pensions octroyées aux collaborateurs militaires belges en raison de dommages corporels subis pendant qu’ils servaient l’armée allemande sous le drapeau nazi. La résolution statue que la perception de pensions pour la collaboration à l’un des régimes les plus meurtriers de l’histoire entre en contradiction avec le travail de mémoire. Le CAL s’inscrit dans ce message et insiste pour que soit concrétisée la décision de la Chambre dans cette résolution, à savoir la mise sur pied d’un comité scientifique pour faire la lumière sur les faits. C’est une question de mémoire. Sans cela, la Belgique continuera d’entacher le devoir de mémoire et le souvenir de toutes celles et ceux qui ont subi ou combattu le régime nazi. »

Précisons qu’il faut faire la différence entre deux types de prestations. Il y a d’une part les indemnités perçues par les victimes de guerre, c’est-à-dire celles qui ont subi un dommage corporel en raison d’actes de guerre, qu’ils soient soldats ou civils. Cela concerne encore aujourd’hui une dizaine de personnes dont un ancien soldat SS. D’autre part, près de 3.000 personnes perçoivent toujours une pension de retraite pour leur engagement militaire ou économique au sein du 3e Reich. Cette situation dure depuis 1945. Toutes ces sommes doivent être rendues à l’État belge, ou a minima, ne pas échapper à l’impôt comme c’est le cas actuellement.

Le Centre d’Action Laïque a pris bonne note des déclarations récentes du Ministre de la Justice annonçant la ferme intention du gouvernement de contribuer à la mise en œuvre de la résolution de 2019. Sans attendre l’évolution des travaux du Bundestag sur cette question, le CAL invite le gouvernement belge, à l’instar des démarches entreprises avec succès par le gouvernement hollandais, à solliciter sans délai le gouvernement allemand en vue d’obtenir la liste des collaborateurs qui ont bénéficié des indemnités.

La tache aveugle que constitue ces rémunérations de collaborateurs n’est pas seulement de l’histoire ancienne. Il faut reconnaitre que la minimisation ou, pire, la glorification de la collaboration est une réalité en Belgique. C’est pourquoi, le Centre d’Action Laïque mettra tout en œuvre pour que soit au plus vite effacé l’affront de la mise à l’honneur par le Parlement flamand, à l’occasion de ses 50 ans, de deux collaborateurs fanatiques du régime nazi : August Borms et Staf Declercq. Le CAL rappelle également s’être opposé à la prise en compte par le Sénat en 2011 d’une proposition de loi du Vlaams Belang visant à amnistier et indemniser les collaborateurs belges de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, 76 ans jour pour jour après la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, la Belgique doit rester ferme sur ses principes démocratiques. L’honneur de la Belgique passe par une vigilance sans faille face au révisionnisme. Le dossier des pensions des collaborateurs nous donne une dernière occasion de refuser ces gratifications à ceux qui sont encore vivants. « Toute ambiguïté doit cesser. Il faut un signal fort. Point. »

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