Campagnes

Criminalisation de la contestation

Criminalisation de la contestation

La campagne « La contestation donne du sens à la démocratie » s’est intéressée aux effets de la criminalisation de la contestation. Effets qui ne concernent pas seulement les personnes qui en sont victimes, mais l’ensemble des citoyens qui se voient intimidés et dissuadés d’exprimer leurs points de vue critiques ou de s’engager dans l’action pour défendre leurs idées ou intérêts.

Les motifs d’indignation et de contestation ne manquent pas dans le monde d’aujourd’hui.

De nombreuses formes de contestation font aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires disproportionnées eu égard aux faits commis ou suspectés. On observe une inflation des dispositifs destinés à réprimer la contestation : caméras de surveillance, lois antiterroristes, sanctions administratives communales (SAC), surveillance sur internet…

Tels sont les constats sur lesquels s’est basée cette campagne du CAL, imaginée au départ et pilotée par sa régionale Bruxelles Laïque, pour analyser les formes actuelles de la contestation et de la répression. Mais aussi s’interroger sur ce qu’elles révèlent de notre société : pourquoi a-t-elle si peur de ce qui la remet en question ? 

Judicieusement intitulée « La contestation donne du sens à la démocratie« ,  la campagne s’est intéressée aux effets de cette criminalisation. Effets qui ne concernent pas seulement les personnes qui en sont victimes, mais l’ensemble des citoyens qui se voient intimidés et dissuadés d’exprimer leurs points de vue critiques ou de s’engager dans l’action pour défendre leurs idées ou intérêts.

“Moi aussi, j’en suis”,

Quand les comparants volontaires se lèvent par Barbara VAN DYCK, activiste, une des 11 inculpés de Wetteren:

Le 29 mai 2011, à l’appel du Field Liberation Movement, plusieurs centaines de personnes ont remplacé des patates génétiquement modifiées pour résister au mildiou par d’autres naturellement résistantes. De manière aléatoire, le procureur du Roi a choisi 11 personnes parmi les participants de l’action pour leur faire sentir qu’on « ne joue pas avec la Science ». En septembre 2013 le juge a condamné les prévenus à des peines allant de 3 à 6 mois de prison avec sursis. Les dommages et intérêts s’élèvent à environ 25.000 euros. Le chef d’inculpation « d’association de malfaiteurs » est maintenu, créant un dangereux précédent pour tous les citoyens militants. L’accusation d’association de malfaiteurs constitue une criminalisation de l’activisme en général et de la lutte pour une agriculture durable en particulier. Les 11 ont fait appel et attendent leur procès devant la Cour d’appel.

Parmi les outils de communication communs imaginés dans ce cadre:

  • Feuilleton radio de fiction, en six épisodes, spécialement réalisé et diffusé dans le cadre événemenbtiel du Festival des Liberftés. Sujet : une dystopie, contre-modèle de société future qui réprimerait toute dissidence mais dont les germes sont déjà dans notre actualité. La radio a semblé un outil de diffusion idéal pour toucher un public large : feuilleton proposé aux radios libres type Radio Campus, néogociation en vue d’une diffusion sur une chaîne publiqu, diffusion en podcasting sur le Net.
  • Bruxelles Laïque Echos | BLE n°84 sur le thème de la criminalisation de la contestation et de l’expression  dissidente, mis à disposition des régionales
  • Filmothèque du Festival des Libertés sur le sujet, mise à disponition pour des ciné-rencontres (notamment « Better this world », « Résister n’est pas un crime », « Winter, go away », « Tous terroristes », « Désobéir », « Camden 28″…)
  • Mathieu Beys, Quels droits face à la police ? Manuel juridique et pratique, éd. Couleurs livres, parution 10 mars 2014. Des exemplaires ont été mis à disposition de la campagne, l’auteur étant lui aussi disponible pour toute présentation, débat, etc. autour du livre ( débat à Bruxelles Laïque le 18 mars)
  • Suivi des poursuites ou procès de militants en cours et rédaction de communiqués de presse exprimant les préoccupations de la campagne.

Activités communes proposées

  • Tournée de conférences de grands témoins, victimes de la criminalisation et/ou de la répression des expressions dissidente et de la contestation., et leur analyse de la situation actuelle.

Durant l’une des soirées événementielles du Festival des Libertés, un duplex exceptionnel a pu être organisé et mené à bien, par réseausocial Skype interposé, entre le plus célèbre des jeunes « whistleblowers »,  Edward SNOWDEN, ex-fonctionnaire analyste à la CIA et à la NSA, en direct depuis Moscou où il est réfugié, et le plateau du festival, où étaient présents Ben Wizner, directeur du Privacy and Technology Project et avocat d’Edward Snowden, Christophe Marchand, avocat à Juris Cogens et chercheur, Quentin Noirfalisse, journaliste et co-fondateur de Geek Politics. Au centre du débat sociétal, comment protéger ces insurgés de conscience, ces vigies de nos démocraties modernes, des répressions abusives de la surveillance sociale.

Le débat en anglais, intitulé « Un abri pour les vigies », était mené par Pierre-Arnaud Perrouty, responsable de la cellule Europe & nternational du CAL.

  • Rencontres-débats dans les diverses régionales, autour de différentes victimes de la criminalisation mais autour de questions communes : pourquoi ont-ils, ou elles, choisi ce type d’action ? après quel échec dans les voies autorisées de la critique sociale ? quelle est leur conception de la démocratie ? quel principe supérieur à la loi ces personnes prétendent-elles défendre ? quel type de répression/criminalisation ont-elles rencontré ? en quoi les poursuites dont elles ont fait l’objet étaient-elles disproportionnées par rapport aux actes commis ? quels ont été les effets de cette répression sur eux et sur leur entourage (stigmatisation, dissuasion…) ?
  • Interpellation politique sur le sujet en fin de campagne, demande de réforme législative, d’audit sur la police ou la sûreté de l’Etat…

Un aperçu des thèmes proposés pour des débats, animations, ateliers, café philo…

  •  Essoufflement/renouvellement de la démocratie : comment faire évoluer la loi et la société ?
  • La désobéissance civile et les nouvelles formes d’activisme
  • Qui définit l’intérêt général ?
  • Un peu d’histoire : comment des désobéissants pour leur temps sont devenus aujourd’hui des héros (Giordano Bruno, Ghandi, Jean Moulin, Angela Davis, Willy Peers…)
  • La société de surveillance
  • Syndicalisme, rapport de force et répression
  • Dérives liberticides des lois antiterroristes
  • Les sanctions administratives communales et le pouvoir de la police (cf. Mathieu Beys)
  • Regards croisés sur la contestation en Belgique et dans des pays nettement moins démocratiques (Ukraine, Russie, Maroc, Grèce…)

Initialement développée et pilotée par Bruxelles Laïque, adoptée par les autres régionales du CAL, cette campagne visant à la décriminalisation de la contestation a notamment été déclinée par la régionale namuroise.