
Le 30 septembre est la journée internationale du droit au blasphème. La date a été choisie en souvenir de la première publication des caricatures de Mahomet par le journal danois Jyllands-Posten, suivie de nombreux actes de violence et de meurtres. Le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo a été décimée par des islamistes radicaux pour avoir publié les dessins danois, avec d’autres de leur cru.
Après avoir publié ces dessins à l’occasion du procès des attentats de janvier 2015, la rédaction a de nouveau été victime de menaces de mort, déjà suivies par un passage à l’acte. Rappelons que les membres de la rédaction, et d’autres personnes menacées, sont obligés de vivre cachés et sous protection policière, simplement pour avoir fait usage d’une liberté aussi fondamentale que celle de s’exprimer.
La liberté d’expression est un principe fondamental d’une société libre, ouverte et démocratique. Elle inclut la liberté de critiquer ou même de se moquer des dogmes religieux et des objets de culte.
Le blasphème, crime sans victime, est interdit par la loi dans de nombreux pays, que ce soit sous ce terme ou sous les euphémismes « diffamation des religions » ou « atteinte aux sentiments religieux ». Dans huit États, le blasphème est puni de mort, et de peines de prison dans des dizaines d’autres. Dans de nombreux États ayant l’islam comme religion officielle, l’apostasie, aussi punie de mort, est souvent utilisée pour réprimer des déclarations critiques envers la religion. Les lois anti-blasphème sont systématiquement utilisées pour réprimer toute critique, non seulement du dogme religieux, mais également de l’ordre social traditionnel.
Au-delà des lois, les personnes accusées de « blasphème » sont souvent victimes de fanatiques religieux qui devancent les autorités dans la répression de tout ce qui peut être interprété comme une critique de la religion dominante. Les fanatiques frappent également là où la libre critique des dogmes religieux est permise.
Les assassinats des membres de la rédaction de Charlie Hebdo en France, de Theo van Gogh aux Pays-Bas, les menaces de mort répétées, ont introduit un climat de peur. Les libertés nous sont naturelles « comme l’air que l’on respire », mais « cet air se raréfie », dans les termes de la Lettre ouverte de Charlie Hebdo et d’autres médias français, intitulée: « Ensemble, défendons la liberté » (1). Devant la violence, la tentation de l’autocensure est grande.
La journée internationale du droit au blasphème a été créée en réaction contre ceux qui cherchent à retirer le droit de satire et de critique des religions, ou l’atténuer jusqu’à le rendre inoffensif. Elle est une façon de montrer son opposition à toute loi ou pratique qui décourage ou entrave la liberté d’expression sous toutes ses formes.
La laïcité qui autorise le débat, jusqu’au blasphème, dans le respect absolu de la personne humaine, apparaît comme une condition de survie de l’humanité.
Le Centre d’Action Laïque rappelle que la liberté d’expression est un principe fondamental d’une société libre, ouverte et démocratique. Elle inclut la liberté de critiquer ou même de se moquer des dogmes religieux et des objets de culte. Cette liberté a joué un rôle crucial dans le développement de sociétés laïques et libérales, libres de toute contrainte religieuse.
Le Centre d’Action Laïque, membre de la campagne pour mettre fin aux lois incriminant le blasphème (end-blasphemy-laws.org), appelle à abroger les lois incriminant la critique des religions, sous toutes leurs formes. Il appelle également à résister à l’intimidation exercée par les tenants d’idéologies religieuses à prétention totalitaire.
(1) https://charliehebdo.fr/2020/09/societe/lettre-ouverte-a-nos-concitoyens-ensemble-defendons-la-liberte/
Photo: Gerry Lauzon