Espace de libertés – Février 2018

Coup de pholie

On se souvient qu’en novembre dernier, une mutualité socialiste lançait un concours de coloriage pour enfants sur le thème de Saint-Nicolas, sauf que la mitre du grand saint pourvoyeur de cadeaux était dépourvue de croix. Vade retro, crux! Il s’agissait de ne pas exclure les enfants non chrétiens. On a parlé de « christianophobie », alors que c’était tout bêtement un excès de tolérance. Bon, d’accord, vaut mieux ça qu’interdire les minarets, mais alors, tant qu’à faire, soyons cohérents et désanctifions Nicolas. Je plaide pour qu’au prochain concours de dessin, l’évêque se défroque, jette sa crosse de pasteur aux orties et renonce à son gros anneau qui évoque son mariage avec l’Église! Cachez donc ce saint que je ne saurais fêter! Pour ne rien dire du père Fouettard dont la face noircie par la suie des cheminées colporte de vilains relents racistes. Ne lésinons pas: supprimons toutes ces étables et mangeoires que l’on surnomme « crèches » où le bambin né d’une vierge et adoré par des mages se fait dorloter entre un âne et un bœuf. Comment tolérer cette zoolâtrie pagano-chrétienne qui assimile le bébé divin à Romulus allaité par une louve ou à Jupiter nourri par les abeilles et une chèvre, autant de versions d’enfants persécutés par les uns mais recueillis et protégés par le clairvoyant monde animal? Comment imposer ce fatras mythico- idolâtre à nos chères et tendres têtes blondes (et pas blondes) non chrétiennes (et même chrétiennes)? Et puisqu’il s’agit de nettoyer les écuries d’Augias, allons-y gaiement: exit le sapin de Noël dont les épines perpétuelles symbolisent la vie éternelle à l’opposé des malheureux arbres à feuilles caduques dont la chute hivernale nous rappelle que la mort existe elle aussi. Exit l’indigeste bûche de Noël qui, déguisée en dessert glacé, était initialement une véritable souche qu’il convenait de brûler dans l’âtre car, tel un bouc émissaire, elle nous purifiait des péchés accumulés durant l’année et emportés par le feu cathartique. L’espace me manque ici pour jeter le même anathème, au nom de la tolérance bien sûr, sur la galette des rois, la Saint-Valentin, le Mardi gras, les œufs de Pâques, le poisson d’avril, l’arbre de mai, les feux de la Saint-Jean, sans oublier à la veille de la Toussaint les bonbons d’Halloween dont le nom est l’inacceptable contraction de All Hallow’s eve, « veille des tous les saints ».