Dans l’univers médical actuel dominé par la technique et morcelé à l’infini, le patient patiente donc patiemment qu’on veuille bien s’occuper de la partie réputée malade de son corps. Trop souvent pour la machinerie hospitalière, le reste importe peu. À qui revient alors la tâche ardue de tenter de remettre ensemble les différentes parties du « tout », c’est-à-dire de la personne en tant que telle ? Serait-ce là le rôle dévolu au conseiller moral laïque (et bien entendu aux aumôniers catholiques, protestants, juifs, musulmans et autres) ? Est-ce de cette manière que la « dose d’humanité » est délivrée au patient en manque ? Pour Marc Mayer en tout cas, la maladie est une anticipation de la mort et elle pousse chacun à s’engager à vivre comme sujet. Le conseiller moral est là d’abord et avant tout pour mettre en œuvre une « fraternité de l’écoute ». Il ne s’agit pas pour autant de venir faire un quelconque prosélytisme au chevet de personnes en état de faiblesse et en demande de relations humaines. Ce serait trop facile et, disons-le, déshonorant. Le conseiller n’intervient d’ailleurs qu’à la demande expresse des patients. Mais existe-t-il une approche spécifiquement « laïque » de l’accompagnement des malades ? En tout cas, voilà plus de quarante-cinq ans que des conseillers moraux laïques arpentent les hôpitaux de Belgique pour apporter… Apporter quoi dans le fond ? C’est là précisément le sujet de ce livre de Marc Mayer qui, outre une activité d’enseignant à l’École de santé publique de l’ULB, est également conseiller laïque à l’hôpital Érasme depuis 1987. C’est à la lueur de ses longues années de pratique que l’auteur invite ici à revenir sur les fondamentaux de toute vie humaine, ceux qui esquissent le sens final que nous cherchons tous à donner à notre bref parcours. Cela se fait en tissant des liens, en réinventant les fils d’une histoire partagée, par la présence, la parole et l’écoute. C’est à la fois peu et déjà beaucoup.