Espace de libertés | Mars 2019 (n° 477)

Des idées et des mots

Se préoccuper des droits humains implique nécessairement de se pencher sur les problèmes rencontrés par les plus précarisés d’entre nous : les sans-abri. Georges de Kerchove, membre actif du mouvement ATD Quart Monde, est avocat honoraire. Passionné par les droits de l’homme, il a milité pendant plus de vingt ans aux côtés des sans-abri bruxellois. Il raconte ici leur fronde. Ce livre vise à faire connaître l’expérience de la pauvreté des sans-abri mais aussi leur combat pour une dignité retrouvée. Il est articulé autour des récits de vie de plusieurs sans-abri de la gare Centrale à Bruxelles. Des femmes et des hommes, invisibles trop souvent, y parlent de leur quotidien, de leurs démêlés avec la justice, de leurs galères et de leurs infimes victoires. Il relate ces vécus sur plusieurs décennies, de la lutte pour l’abolition du délit de vagabondage dans les années 1980 à nos jours, où les sans-abri sont aussi souvent sans papiers, évoquant les difficultés plus particulières propres à chaque époque. Sa lecture heurte et pousse à un choix : se retrancher dans l’indifférence générale ou participer au changement. Comme le rappelle Françoise Tulkens dans la préface, ce n’est pas concevoir de nouveaux droits pour les pauvres qui est nécessaire mais bien rendre véritablement effectifs pour tous les droits déjà proclamés. Nous sommes nombreux à ériger la solidarité en priorité. La dignité humaine est fondamentale et s’accompagne idéalement d’un travail d’émancipation. Au sein du mouvement laïque, nous en sommes convaincus : il nous faut accompagner « avec » et non « pour » ou « à la place de » afin que les sans-abri deviennent acteurs et non plus seulement sujets. (ac)