Allocution d’Henri Bartholomeeusen, président du Centre d’Action Laïque, lors de l’Assemblée générale du 23 mars dernier.
Nous poursuivrons la réalisation de notre Utopie, celle d’une société universelle, plus juste, plus fraternelle, respectueuse de la dignité humaine et des libertés individuelles.
« Lors de notre traditionnelle réunion du nouvel an, je rappelais que, défenseurs du principe de laïcité, nous ne sommes pas les sujets d’un Pouvoir qui nous imposerait loyauté, obéissance et hiérarchie.
Nous sommes citoyennes et citoyens.
Nous sommes épris de liberté et d’égalité dans une société que nous voulons moderne.
Une société qui éradique le système des castes, des inégalités sociales et sexuelles.
Une société qui réduit les inégalités par l’accès à l’enseignement, le droit au travail, et la redistribution des richesses par une véritable solidarité sociale.
Je précisais encore qu’il ne s’agit pas ici d’un parti pris politique de ma part entre libéralisme, socialisme comme certains voudraient le faire accroire, car ajoutais-je, Tocqueville lui-même n’aurait pu désavouer mon propos.
Ceci, je souhaitais le redire en assemblée.
Comme Roger Lallemand, nous pensons que le Pouvoir doit servir à assurer l’autonomie des citoyens tout comme l’autonomie des citoyens doit concourir à renforcer le pouvoir de l’État démocratique.
La laïcité, comme le civisme, est fondée sur cette idée simple selon laquelle tout citoyen dispose d’une souveraineté individuelle et morale.
Nous pensons que la laïcité, comme le civisme, est fondée sur cette idée simple selon laquelle tout citoyen dispose d’une souveraineté individuelle et morale pour décider non seulement des choix intimes de sa vie personnelle mais aussi des buts et des finalités de l’État qui le gouverne.
Je souhaitais le répéter en assemblée parce que c’est cette idée simple qui, en 1969, devait largement inspirer les fondateurs de notre Centre d’Action Laïque.
1969 fut donc plus qu’une année bissextile ou simplement érotique.
1969 fut, pour les adolescents que nous étions ou que nous sommes restés, une année d’éveil aux libertés, notamment sexuelle.
C’était il y a 50 ans.
L’occasion pour nous, aujourd’hui, de faire le point, de nourrir, d’alimenter nos volontés aux sources de ce demi-siècle d’expérience et relever les défis qui se présentent tant sur le plan communautaire, sur le plan national que sur le plan international.
- L’année achevée n’a pas respecté toutes ses promesses.
Les garanties d’une laïcité constitutionnelle patinent.
Malgré les annonces politiques, elles semblent difficiles à ancrer dans notre État de droit.
Et si le Traité de Lisbonne désigne nos valeurs comme celles de l’Union, respectueuse de la dignité humaine, des libertés, de la démocratie, de l’État de droit, des minorités, comme de l’égalité entre les femmes et les hommes,
les menaces qui pèsent sur la défense de ces valeurs comme sur le projet de rapprocher les peuples, ces menaces se précisent à la veille des élections et prendront fort probablement corps à la suite de celles-ci.
- L’année achevée n’a pas respecté toutes ses promesses.
Et l’évolution du nouveau cours de philosophie et de citoyenneté, sur le plan du contenu, du statut, du nombre d’heures, du caractère obligatoire pour l’ensemble des réseaux… s’enlise.
Et ce malgré les assurances renouvelées des principaux partis de la communauté française.
- L’année achevée n’a pas respecté toutes ses promesses.
Pour les droits des femmes, particulièrement en matière de dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse.
Voici trois thèmes, parmi d’autres.
Trois thèmes qui ont retenu notre attention, largement mobilisé nos efforts et galvanisé notre militance comme à la première heure.
Cette année du 50ème, c’est à partir d’une clé commune, celle de notre définition rénovée que nous pourrons poursuivre la construction d’une société laïcisée.
Une définition de notre principe qui le rend universalisable, premier.
Une définition qui s’impose, progressivement mais certainement, comme un standard.
Une définition que viennent de nous emprunter les autorités académiques de l’Université libre de Bruxelles.
Une définition à laquelle De Mens Nu se réfère pour la première fois dans un texte public.
Une définition défendue par la Fédération humaniste européenne.
Une définition, enfin, qui s’impose comme un impératif catégorique, en toute clarté, au monde politique comme à nos adversaires.
La confection de notre mémorandum pour chaque niveau de pouvoir nous a permis d’actualiser les revendications précises que la défense du principe et de cette définition exige.
C’est ce mémorandum qui nous aidera dorénavant à diriger et conduire nos actions au long de l’année 2019, avec… en ligne de mire ou en point d’orgue, les journées des 11 et 12 octobre.
Des journées qui réuniront des voix issues de tous pays, de toutes cultures, à la Cité Miroir, pour en proposer le partage.
Le travail accompli et celui qui nous reste à entreprendre nous le réalisons grâce à votre soutien, à la pugnacité et la persévérance de nos collaborateurs tant salariés que bénévoles.
Je tiens cette fois encore au nom du Conseil d’administration, comme au nom du Bureau et du Secrétariat général à vous en remercier. Chacun et chacune.
Grâce à vous tous comme en témoignent notre activité, nos manifestations et interventions, nous continuerons de refuser de ne vivre la vie publique qu’à la télévision ou sur les réseaux sociaux.
Nous poursuivrons la réalisation de notre Utopie, celle d’une société universelle, plus juste, plus fraternelle, respectueuse de la dignité humaine et des libertés individuelles. »
Henri Bartholomeeusen,
président du Centre d’Action Laïque