L’enseignement est l’une des priorités du Centre d’Action Laïque. Essentiellement, la promotion d’une école égalitaire, émancipatrice pour tous les enfants. Une revendication qui continue à faire sens aujourd’hui.
L’école devrait être un lieu de convergence et de solidarité au nom de l’intérêt supérieur des enfants. Malheureusement chez nous, elle est un terrain de discordes depuis que la Belgique est née. Le Pacte scolaire de 1959 a mis certains de ces désaccords au frigo… jusqu’au jour où quelqu’un rouvrira la boîte de Pandore. Les débats autour des cours de religion et de morale, la question du financement des réseaux confessionnels, la dispersion des moyens ne manquent pas de nous rappeler les failles de ce Pacte.
La défense de l’école publique
L’intérêt du mouvement laïque pour l’enseignement est historique et s’est construit, d’abord, afin de garantir une offre d’enseignement public et non confessionnel. Il fallut un long combat tout au long du XIXe et du XXe siècle pour qu’un enseignement public, neutre et en principe gratuit puisse exister à côté de l’enseignement catholique. Et ce, au travers des fameuses guerres scolaires qui aboutirent en 1959 à la Loi dite du « Pacte scolaire », garantissant une relative paix scolaire. Depuis, la défense de l’école publique n’a pas perdu sa raison d’être.
Pour une école publique, neutre et gratuite
Le mouvement laïque milite encore et toujours pour une école publique, neutre et gratuite, qui contribue à renforcer l’égalité entre les citoyens, notamment au sein du Centre d’Etude et de défense de l’Ecole Publique (CEDEP).
Si les laïques défendent le projet d’un enseignement organisé par les pouvoirs publics, c’est au moins pour trois raisons:
- La garantie d’un service public accessible à tous, indépendamment des moyens financiers, des convictions privées ou des capacités de l’enfant.
- Le principe de gratuité, condition sine qua non de son égal accès à tous et qui n’a de sens que dans le cadre d’une institution organisée et contrôlée par les pouvoirs publics.
- La garantie de la neutralité de l’institution et des enseignants, condition sine qua non de l’accueil de tous les enfants.
Une lecture attentive des décrets « Neutralité » montre que cette neutralité est loin de signifier un désengagement ou une « posture molle ». Elle offre le cadre d’un enseignement basé sur la méthode scientifique, tout en garantissant le respect des convictions privées et des choix personnels qui coexistent dans une société pluraliste et ouverte. Ce principe de neutralité est celui qui permet à l’école de jouer sa fonction d’émancipation sociale: l’enseignement officiel « forme les élèves à reconnaître la pluralité des valeurs qui constituent l’humanisme contemporain. En ce sens, il fournit aux élèves les éléments d’information qui contribuent au développement libre et graduel de leur personnalité » (art. 4 du décret « Neutralité », 1994).
Si l’on veut que l’école soit un véritable outil d’émancipation intellectuelle et sociale, il faut qu’elle soit accessible à tous, quels que soient les moyens financiers ou les convictions privées de chacun. C’est pourquoi le CAL apporte son soutien actif à l’enseignement officiel et à un projet de réseau unifié porteur de ces valeurs. Les élections fédérales et régionales de 2014 ont permis au CAL de réitérer ces revendications.
Ensemble, pour une réforme de l’enseignement
La toute première association laïque en Belgique a été la Ligue de l’Enseignement (LEEP), fondée dès 1864. Elle est toujours bien active aujourd’hui en tant qu’association constitutive du CAL.
Depuis 1966, la Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel (FAPEO) regroupe les parents organisés dans les écoles de l’enseignement obligatoire (écoles fondamentales et secondaires). La FAPEO a notamment pour mission de représenter les parents du réseau officiel dans de nombreuses commissions et instances liées à l’enseignement ou à l’éducation permanente. Elle a également rejoint le CAL en tant qu’association constitutive depuis une dizaine d’années.
C’est donc tout naturellement avec ces partenaires, et d’autres, que le CAL a adhéré à une plate-forme de défense de l’école publique, le CEDEP, qui regroupe aujourd’hui 14 associations. Développer la soif d’apprendre et l’évaluation positive, renforcer le tronc commun, fusionner des réseaux, aller vers la gratuité totale, encourager la mixité sont autant d’exemples des 18 propositions formulées par le CEDEP. Parmi ces revendications, notons la demande de création d’un cours commun d’éducation philosophique, éthique et citoyenne permettant de sortir progressivement de l’organisation actuelle des 6 options philosophiques.
Du cours de morale au cours de philosophie et de citoyenneté
En 2010, le CAL a rallié diverses associations d’enseignants, de parents, de directeurs d’écoles, de pouvoirs organisateurs, fédérés au sein du CEDEP, pour revendiquer la mise en place d’un cours d’éducation philosophique, éthique et citoyenne destiné à tous les élèves.
Du cours de morale…
Dans les années 1950, au moment du Pacte scolaire (1959), les laïques se sont battus pour que toutes les écoles officielles proposent un cours de morale parce qu’ici et là (surtout en zone rurale), seul le cours de religion catholique était proposé. Un demi-siècle plus tard, la donne a changé: 6 options séparent désormais les enfants selon leurs affiliations philosophiques et la cohésion sociale est rudement mise à l’épreuve dès l’école. C’est pourquoi le CAL défend depuis plusieurs années le projet de renforcer la formation citoyenne, éthique et philosophique dans les écoles en mettant ensemble les élèves. Ce projet va de pair avec l’idée de supprimer le caractère obligatoire des cours de religion et de morale existants et de diminuer leur volume horaire.
En portant cette revendication, le CAL défend le projet d’un cours donné à l’ensemble des élèves afin de renforcer le caractère émancipatoire de la formation scolaire pour tous. La valeur intrinsèque des cours de morale, ou la qualité du travail des enseignants n’ont jamais été remis en question. Le cours de morale n’a jamais été un cours de religion parmi les autres et n’a jamais été organisé comme tel. L’organisation et l’inspection des cours de morale non confessionnelle a toujours été laissée aux seuls pouvoirs publics: les maîtres de morale étant recrutés et nommés par les pouvoirs organisateurs et les programmes définis par la Communauté française. Rien à voir donc avec le lien direct entre maîtres de religion et organes des différents cultes.
Dans l’engagement historique des laïques pour créer et soutenir l’enseignement de la morale, certaines régionales et associations constitutives ont développé des outils. Il existe un site internet d’échanges entre professeurs de morale (www.profsdemorale.be) géré par la Fédération des Amis de la Morale laïque. Le site www.entre-vues.net propose également toute une série d’outils en pédagogie de la morale et de la philosophie.
Enfin, Laïcité BW propose, sur le site www.polephilo.be toute une série d’outils pédagogiques destinés aux enseignants et aux enfants. Sans oublier Philéas et Autobule, la revue des enfants philosophes qui accompagne les enfants dans leurs interrogations: des jeux, des histoires, des infos qui leur permettent d’aller à la rencontre des autres, de réfléchir et de construire leurs propres réponses à toutes leurs questions.
… au cours de philosophie et de citoyenneté
Le 12 mars 2015, la Cour constitutionnelle publie un arrêt qui donne raison aux parents d’une élève de la Ville de Bruxelles: cette élève ne devrait pas être obligée de suivre un cours de religion ou de morale. Cet arrêt, relatif à un seul élève, fait jurisprudence et le gouvernement décide alors d’anticiper les demandes de dispenses afin d’éviter de nouveaux recours. Cet arrêt accélère aussi la mise en œuvre d’un nouveau cours de philosophie et de citoyenneté.
Le mercredi 21 octobre 2015, le Parlement de la Communauté française vote le décret « relatif à l’organisation d’un cours et d’une éducation à la philosophie et à la citoyenneté ». Dans l’enseignement officiel, ce décret instaure un cours d’une heure de philosophie et de citoyenneté destiné à tous les élèves. Dans l’enseignement libre confessionnel, la matière sera dispersée à travers différents cours, en ce compris les cours de religion existants.
De facto, dans l’enseignement officiel, dès la rentrée 2016 dans le primaire et la rentrée 2017 dans le secondaire, il y aura:
- Une heure de cours de philosophie et citoyenneté pour TOUS les élèves.
- Plus:
- Soit une deuxième heure du cours de philosophie et de citoyenneté pour les élèves ne souhaitant pas suivre de cours de religion ou de morale.
- Soit une heure de morale ou de religion.
Découvrez les programmes de ce cours de philosophie et citoyenneté sur www.deuxheurescestmieux.be.
Le CAL continue PRIORITAIREMENT à revendiquer l’introduction d’un cours commun de philosophie et de citoyenneté de 2h, tout en rendant les cours de religion et de morale optionnels. De surcroît, le CAL ne peut cacher son scepticisme quant à la praticabilité du maintien d’un système de dispense et de la formule 1h + 1h. Cette formule proposée n’est ni à la hauteur des enjeux, ni conforme aux enseignements de l’arrêt rendu le 12 mars 2015 par la Cour constitutionnelle (voir notre communiqué de presse du 21/10/2015: L’enseignement de la philosophie et de la citoyenneté mérite mieux qu’une demi-mesure).
C’est avec cette volonté que le CAL, en partenariat avec la FAPEO (Fédération des Associations de parents de l’Enseignement Officiel), a lancé une campagne en faveur des deux heures de cours de philosophie et de citoyenneté: www.deuxheurescestmieux.be