On définit les jeunes aidants proches comme étant des enfants ou des jeunes qui ont jusque 25 ans et qui apportent une aide continue à un parent, un frère, une sœur, etc. en situation de dépendance à la suite d’un accident, d’une maladie physique ou mentale, d’un handicap, d’une addiction…
Alors qu’ils sont enfants, adolescents ou jeunes adultes, ils ne savent bien souvent pas que cette spécificité de leur parcours de vie est reconnue et qu’ils sont des jeunes aidants proches.
Dans les faits, ces jeunes sont souvent doublement pénalisés : ils supportent une charge parfois peu compatible avec leur jeune âge et le reste de leurs activités notamment scolaire peut s’en ressentir. C’est ainsi par exemple que peu d’écoles sont sensibilisées au phénomène et interprètent souvent mal des difficultés de scolarité rencontrées par ces jeunes.
En Belgique, une étude du SPF Santé publique (2013) démontre que 9% de la population (de 15 ans et plus) prodigue au moins une fois par semaine de l’aide ou des soins à une personne en difficulté. En Région bruxelloise, ce pourcentage atteint 18%. L’étude de 2017, réalisée par l’ASBL « Jeunes & aidants proches », dans les écoles secondaires de la Région bruxelloise, soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles, a démontré que 14% des jeunes se reconnaissaient comme jeunes aidants proches, soit 2 à 3 élèves par classe.
Malgré ce constat, ces jeunes restent pour la plupart invisibles aux yeux de la société et à l’exception de notre association partenaire « Jeunes & aidants proches », il n’y a que très peu de structures, voire aucune, pour soutenir ces jeunes et leurs familles.
Dans le cadre de son mémorandum pour les élections 2024, le Centre d’Action Laïque souhaite visibiliser et renforcer le statut d’aidant proche et de jeune aidant proche par le biais des mutuelles.
Pour faire le point sur la situation et nourrir le débat en la matière, les partis politiques francophones ont été invités à l’occasion de ce second Midi PIL de notre cycle « mémorandum » intitulé « Les Jeunes aidants proches, pourquoi tant d’invisibilité ? ».
Autour de la table, nous avons eu la chance de recevoir :
- Latifa Aït-Baala, députée au parlement de la Région Bruxelles-Capitale pour le MR
- Delphine Chabbert, députée au parlement de la Région Bruxelles-Capitale et de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour le PS.
- Charles Hosten, représentant DéFI
- Ismaël Nuino, représentant Les Engagés
- Antoine Hermant, député au parlement de Wallonie, député de la Fédération Wallonie-Bruxelles et chef de groupe au sénat pour le PTB.
- Ahmed Mouhssin, député au parlement de la Région Bruxelles-Capitale pour Ecolo.
Lors de notre rencontre, tous les partis, même s’ils sont conscients des difficultés rencontrées dans le milieu scolaire, ont pointé du doigt la nécessité pour les professionnels de l’éducation d’aller à la rencontre de ces jeunes de façon beaucoup plus proactive. L’école et les P.M.S. sont à leurs yeux les endroits prioritaires d’identification de ces jeunes. Le rôle plus proactif que doivent jouer les mutuelles a également été mis en évidence.
Nos représentants politiques ont insisté sur l’importance de reconnaître les compétences de ces jeunes, de leur octroyer des moments de répit, de libérer leur parole, de leur simplifier les démarches administratives, de leur octroyer un statut d’étudiant à besoin spécifique (à l’image de ce qui se fait à l’ULB) et de créer un parcours « jeunes aidants proches ».
Conformément à nos recommandations, tous s’accordent sur la nécessité d’une large étude sur les types d’aide dont ces jeunes ont besoin et d’une large sensibilisation auprès des professionnels de l’éducation, auprès du personnel hospitalier mais aussi auprès des structures spécialisées dans l’accompagnement des enfants et des adolescents (clubs sportifs, maisons de jeunes ou mouvements de jeunesse…).
Ils se sont tous engagés à collaborer avec l’ASBL Jeunes & Aidants Poches et le Centre d’Action Laïque afin de faire avancer les choses.
Nous continuerons à suivre le dossier afin d’amener ces jeunes vers une plus grande émancipation et pour que ces derniers puissent bénéficier des mêmes chances que n’importe quel autre jeune du même jeune.
Retrouvez l’entièreté du débat dans la vidéo ci-dessous: