D’emblée, les auteurs indiquent quel sera le moment crucial pour l’évolution politique de l’extrême droite dans notre pays : 2024, année électorale au quadruple scrutin… de tous les dangers. Disséquer les logiques de l’extrême droite en Belgique passe sans nul doute par le nécessaire temps à prendre pour appréhender les logiques à l’œuvre au nord de notre pays. Sans jouer au donneur de leçons mais en fédérant toutes les énergies, car l’attitude souvent ambiguë de la NVA vis-à-vis du Vlaams Belang comme son aversion pour le cordon sanitaire rendent malheureusement crédible l’hypothèse d’un gouvernement de coalition en Flandre associant le VB. Mais s’imaginer que nous sommes immunisés par rapport à la montée de l’extrême droite en Fédération Wallonie-Bruxelles relèverait assurément de la faute. La volonté actuelled’y créer un parti dénommé « Chez nous », avec le soutien du Rassemblement national français et du Vlaams Belang, en témoigne à suffisance. Pour progresser, l’extrême droite peut aussi s’appuyer sur une insupportable « normalisation » de sa présence, phénomène que décrivent fort bien les auteurs. Normalisation confirmée encore par de récents travaux parlementaires : pour établir un rapport sur des propositions de loi visant à interdire des groupes liberticides, la Commission de l’Intérieur de la Chambre des représentants, présidée par un élu Vlaams Belang, a confié la rédaction dudit rapport à un élu… Vlaams Belang. Autre sujet d’inquiétude, dans l’hypothèse où le passage par les urnes ne satisferait pas l’extrême droite, c’est la possible tentation violente. De nature à faire sourire certains sceptiques, cette hypothèse ne relève pas pour autant du fantasme, en veulent pour preuve les derniers rapports de la Sûreté. Enfin, dans une société du zapping et de l’immédiateté, de défiance généralisée vis-à-vis des institutions démocratiques comme de la presse, les partis extrémistes ont également bien compris que les moyens directs de communication, réseaux sociaux en tête, sont un support idéal pour leurs discours simplistes. Avec ses outils tels que le triangle rouge, l’objectif du mouvement laïque reste de toujours contrer les idées nauséabondes et dangereuses pour notre démocratie, de réhabiliter la pensée complexe et de lutter contre l’extrême droite organisée. Ce livre vient nous rappeler combien la tâche est urgente. (bvdm)
Des idées et des mots