Il y a dix ans le roi Baudouin disparaissait. L’émotion dans le pays fut grande, à la mesure de la durée de son règne. Bien vite toute une légende enveloppa la figure du grand disparu: celle d’un gardien de l’unité de la nation, d’une haute conscience morale, portée par un idéal de sainteté. Les rois sont mortels, les légendes également.
L’ouvrage de Nadia Geerts, qui se veut aussi un plaidoyer pour la République, met en lumière diverses entorses faites par Baudouin à la Constitution et à la laïcité de l’État: responsabilité morale dans l’assassinat de Lumumba, refus de signer la loi dépénalisant l’avortement, scandale d’Opgrimbie, complaisances à l’égard de personnalités peu respectueuses de la démocratie. Démarche engagée, mais rigoureusement documentée. Démarche salubre surtout. Car à l’heure où, de mariages en naissances, l’institution monarchique fait l’objet d’un intense marketing médiatique, il était nécessaire de faire entendre, dans le concert bien orchestré des célébrations, une voix discordante: celle de la raison critique.