Depuis Darwin et les conflits avec les Églises, le concept d’évolution représente pour celles-ci un matérialisme scientifique à combattre, car la position de l’être humain dans l’univers y est remise en question. Ceci n’exclut pas l’existence de penseurs chrétiens évolutionnistes qui, par leur formation scientifique, acceptent et défendent l’évolution sans intervention d’un démiurge, même pour l’espèce humaine.
Darwin a rendu possible une explication du monde sans créateur et sans grand architecte, tout au plus un bricoleur qui, pendant des millions d’années, remanie lentement son oeuvre. Darwin a donné ses lettres de noblesse à la biologie; le biologiste, comme tout scientifique, bâtit des hypothèses, les contrôle, les vérifie, les modifie si nécessaire.
La caractéristique fondamentale d’une théorie scientifique est d’être en dehors des dogmes et d’être continuellement mise à l’épreuve de la critique, modifiée ou amendée. À ce niveau, le concept d’évolution est réellement scientifique car il représente les observations avérées de changements de la vie pendant près de quatre milliards d’années, des premières cellules vivantes à la variabilité biologique actuelle.
L’évolution en termes scientifiques suggère que l’être humain n’est autre qu’un animal soumis aux mêmes lois évolutives que tout autre espèce vivante. Cette atteinte au statut particulier de l’être humain dans la nature est déjà, pour certains croyants, dérangeant. Il est vrai que remettre en question les certitudes de l’être humain, ne plus avoir peur de l’arbre des connaissances et du savoir, s’interroger sur l’origine des choses et de la vie, c’est écorner le pouvoir et la suprématie des Églises. L’évolution est essentielle pour une vision globale de la vie, elle est une condition nécessaire à l’humanisme. Elle incorpore la nature sans la rendre sacrée, reconnaissant que nous sommes libres et responsables de donner une valeur à notre propre existence.