Le péché de la France

Surnaturel et politique au XIXe siècle

Aux yeux de l’opinion conservatrice, la mort de Louis XVI, le 21 janvier 1793, fut perçue comme un drame religieux, clôturant la destinée de la monarchie sacrée, qui avait fait de la France la fille aînée de l’Église. Jacques Marx montre comment cet événement fondateur a nourri, tout au long du XIXe et même du XXe siècle, un discours de la culpabilité et de la repentance dont les échos se retrouvent jusque dans la rhétorique du maréchal Pétain et de la révolution nationale. Il montre aussi comment la contre-révolution catholique a cherché à instrumentaliser un certain nombre d’épisodes surnaturels en particulier les apparitions de la Vierge et la dévotion au Sacré-Cœur en vue de légitimer un projet théocratique pour la France et la restauration de la monarchie d’Ancien Régime.

Politique et religion sont ici étroitement imbriquées: autour des grands sites marials, aventuriers politiques et prétendants, enfants perdus de la survivance de Louis XVII, le disputent aux prophètes, devins inspirés, et religieuses visionnaires des réseaux mystiques, dans un jeu équivoque de manipulations et de complots. Le péché de la France se veut ainsi une contribution à l’histoire culturelle de la pensée ultraconservatrice, où se mêlent la nostalgie d’un pouvoir perdu, l’intransigeantisme catholique et l’instrumentalisation des masses.

Les travaux de Jacques Marx font apparaître une préoccupation centrale, axée sur l’histoire des idées et des idéologies, plus généralement de systèmes de représentation, avec une accentuation particulière sur l’intégration des littératures dans leur contexte culturel global. (Extrait de l’argumentaire du jury du Prix Albert Counson)

L' auteur

Jacques Marx

Jacques Marx est professeur émérite l’Université libre de Bruxelles. Vice-président du Centre d’étude des religions et de la laïcité (CIERL – ULB) de 1987 à 2003, il a notamment enseigné l’histoire de la libre pensée et la philosophie du libre examen. Spécialisé dans l’articulation du discours littéraire et idéologique dans une perspective d’histoire des mentalités, il a consacré sa thèse de doctorat (Charles Bonnet contre les Lumières, Oxford, 1976) ainsi que plusieurs publications à l’étude de la pensée conservatrice, à l’œuvre de Verhaeren, à des questions d’histoire religieuse mais aussi à des images et des espaces de représentation liés à la perception exotique de l’altérité culturelle.

Prix Albert Counson 2005 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique