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Lutte contre la pauvreté, noble cause et vraie nécessité

Lutte contre la pauvreté, noble cause et vraie nécessité

Événement exceptionnel au CAL ce mercredi 25 juin, en présence de la Reine et de la Secrétaire d’État à l’Intégration sociale: la remise du Prix fédéral 2014 de la lutte contre la pauvreté, décerné l’an dernier au Service Laïque de Parrainage. Ceci expliquant cela…

De la pauvreté, le fait d’avoir peu, à la précarité, le fait d’avoir peur.

S’il n’y avait qu’une formule-choc à retenir pour exprimer le désarroi d’un nombre croissant de personnes confrontées aux pires difficultés dans une société de plus en plus individualiste, c’est certainement celle-là.

C’est donc ainsi qu’Henri Bartholomeeusen, dans son discours de bienvenue, a situé l’enjeu essentiel de la lutte contre la pauvreté en regard du projet de vivre ensemble porté par la laïcité: « une impérieuse nécessité politique et citoyenne ». Un projet où il ne saurait être question ni de conversion ni de violence. Mais bien d’autonomie, de liberté, de dignité humaine, de solidarité. Et, finalement, « une fois les privilèges abolis et les discriminations gommées », de cet autre droit fondamental, inhérent à la diversité, qu’est l’égalité.

Retour en images sur la remise du Prix fédéral 2014 de la lutte contre la pauvreté

Discours d’accueil prononcé par Henri Bartholomeeusen, Président du Centre d’Action Laïque

En 2013 le Service Laïque de Parrainage se voyait attribuer le prestigieux prix de la « lutte contre la pauvreté ». Ce remarquable travail de parrainage, mené depuis presque trente ans, nous vaut le plaisir de vous accueillir, dans les locaux du Centre d’Action Laïque.

Votre Majesté,

Madame la Ministre,

Monsieur le Bourgmestre,

Mesdames, Messieurs,

Chères amies, chers amis,

La lutte contre la pauvreté est non seulement une noble cause, mais une impérieuse nécessité politique et citoyenne.

Quels que soient nos titres, quels que soient nos privilèges, nous sommes tous débiteurs de cette obligation de solidarité qui, avec la liberté et l’égalité, constitue la base du fonctionnement démocratique de la société.

La laïcité, c’est une éthique de la diversité fondée sur l’autonomie de la personne, le libre examen et le principe de bienfaisance. La laïcité est un projet de vivre ensemble qui ne passe ni par la conversion ni par la violence.

La laïcité promeut l’autonomie personnelle en soi mais également pour l’autre.

La violence dans nos sociétés modernes n’est pas que physique. Elle est bien plus souvent immatérielle.

Quelle est l’autonomie, la liberté de celui qui souffre d’un déficit d’éducation ? De celui qui souffre d’un déficit de santé ? De celui qui souffre d’un déficit d’affection ? Quelle est l’autonomie, la liberté des plus pauvres d’entre nous ?

Et de ceux qui, précisément, cumulent le plus souvent l’intégralité de ces handicaps ?

Comment accepter, dans nos sociétés modernes, la largeurdu fossé qui ne cesse de croitre entre les nantis et les démunis, la hauteur des obstacles à surmonter pour assurer la dignité de tous, la longueur du chemin à parcourir pour garantir les besoins de chacun, le poids des souffrances, des humiliations, des douleurs vécues par un nombre croissant de personnes qui passent de la pauvreté, le fait d’avoir peu ; à la précarité, le fait d’avoir peur.

Votre Majesté, votre présence, ce midi, nous réconforte. Comme nous, vous considérez la lutte contre  la marginalisation et la détresse dans une perspective d’autonomie, de liberté et de dignité humaine. Comme nous, vous considérez que la dignité, pour être respectée, ne doit plus se mériter. En échange de quoi, d’ailleurs?

Parce que la dignité est un droit fondamental et inaliénable pour chaque personne, sa défense ne se confine pas à une démarche de charité ou de culpabilisation des bénéficiaires. Face aux risques de repli identitaire ou égoïste, face aux dangers communautaristes, face à un monde marqué par l’individualisation du corps social, la privatisation des services publics et l’uniformisation marchande, laïcité et solidarité convergent vers une même ambition : créer un espace où les individus, dans le respect de leur diversité, se sentent liés les uns aux autres.

Au-delà de l’aide institutionnelle, ponctuelle, votre présence nous enchante. Elle apporte force et vigueur dans la lutte contre la dualisation de notre société. Elle alimente le rêve que l’on puisse, une fois les privilèges abolis et les discriminations gommées, parler enfin, ensemble, d’égalité.

 

Henri Bartholomeeusen, Président du CAL | 25 juin 2014