L’université impossible

Le savoir dans la démocratie de marché

Dans son Journal, Vigny écrivait: « L’Église est l’armée de la Grâce, l’Université est celle de la Liberté. L’Église dit: l’autorité. L’Université dit: l’examen ».

L’évolution en cours du paysage universitaire est-elle de nature à faire mentir le poète? À l’heure actuelle, il n’est plus question pour l’université d’un simple aménagement de ses missions, mais d’une transformation radicale de la manière dont elle les prend en charge. C’est en termes de rendement au sein d’un grand marché de la science que l’Alma Mater se voit tenue de justifier ses activités. Comment concilier les grands idéaux originels de l’université avec des objectifs comptables? À travers les réponses que l’université apporte à une telle question se dessinent les contours d’un modèle social et économique plus imposé que choisi – et duquel il n’est pas sûr que la démocratie sorte gagnante.

Sans jamais verser dans le voyeurisme, l’exposé d’injustices flagrantes ou l’étalage de cas pathétiques, l’essai va droit au but, dans un style volontiers impertinent, et épingle comme des évidences certains maux que l’on préfère souvent taire (le népotisme, le bradage des diplômes, etc.). Toute la force de la démonstration réside dans la clarté de l’historique que brosse Jean-François Bachelet, et dans les liens qu’il établit entre les différentes transformations de l’université.

Extrait de Frédéric Saenen, « L’Université impossible« , dans Jibrile, n°3, janvier 2004.

L' auteur

Jean-François Bachelet

Jean-François Bachelet est docteur en sociologie de l’Université de Metz et responsable de la Cellule d’Analyse Stratégique des Universités (CASU) de l’Université de Liège où il dispense une introduction à la pensée complexe. Une longue expérience professionnelle de chercheur, de collaborateur scientifique et de cadre dans une des principales universités belges en fait un observateur privilégié de l’institution.