Premier ministre de l’histoire du Congo, après 80 ans de règne colonial belge, Patrice Lumumba est un des artisans de la décolonisation et est devenu un héros pour tous les peuples en lutte pour leur liberté à travers le monde. Lui qui avait l’intention d’utiliser l’énorme richesse du Congo au bénéfice de son peuple a été assassiné le 17 janvier 1961, 6 mois seulement après l’indépendance de son pays, avec deux de ses alliés politiques, Joseph Okito et Maurice Mpolo, dans des circonstances horribles. Et jamais justice n’a été rendue. En 2022, ce qui reste de sa dépouille, une dent, a été remise au Congo. Ces commémorations, c’est le point de départ du documentaire « Lumumba, le retour d’un héros ». Un film qui questionne l’héritage de Lumumba mais aussi notre rapport à la décolonisation.
Invités: Benoît Feyt, coréalisateur avec Quentin Noirfalise et Dieudo Hamadi du film « Lumumba, le retour d’un héros », Sanchou Kiansumba, membre de l’équipe éducation et enseignement du Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations et Pierre Galand, expert en développement et président de l’asbl Laïcité et Humanisme en Afrique Centrale (LHAC).
Avec aussi le témoignage de Jean-Marc Delizée, député fédéral PS, membre de la Commission spéciale sur le passé colonial.
Tout comme en Europe, les pays d’Amérique latine sont confrontés à un passé marqué par la colonisation. Et comme chez nous également, l’évocation de ce passé est bien souvent douloureuse, pour ne pas dire conflictuelle.
A Villa Guillermina, petite ville de la région de Santa Fe perdue au milieu de l’Argentine, une communauté d’habitants a décidé de revisiter son passé à l’heure où le métissage entre les Indiens guaranis, les conquistadors espagnols et les émigrants allemands ou italiens a donné naissance à une nouvelle génération soucieuse de ne pas oublier. Floriana Passet et Pierre Schonbrodt ont tenté de mieux comprendre ce travail de mémoire qui tente d’en finir avec le mythe des héros pour réhabiliter les oubliés de l’histoire coloniale.
Faut-il décoloniser notre espace public et faire table rase d’une certaine propagande de notre passé colonial ? Le groupe de travail chargé d’étudier la présence de symboles coloniaux dans l’espace public en Région bruxelloise vient de rendre son rapport après quinze mois de réflexions et de débats. Parmi les conclusions : mettre en place une contextualisation des statues. Le gouvernement bruxellois se réunira au mois de juin pour évaluer les recommandations.
Reportage de Nicolas Franchomme sur les enjeux de la décolonisation de l’espace public.
Entretien avec François Reynaert, journaliste et écrivain, passionné d’histoire. Auteur de « Nos ancêtres les gaulois et autres fadaises » en 2010 et « Voyage en Europe » en 2019, il nous revient avec « Roger, héros, traitre et sodomite » chez Fayard.
Il n’y a pas de destin plus en prise avec les préoccupations de notre monde actuel que celui de Roger Casement, secoué par le bilan de la colonisation, la question de l’identité nationale ou celle de l’orientation sexuelle. Avec « Roger, héros, traître et sodomite », récit historique haletant où tout est vrai, François Reynaert signe un formidable livre sur le sens de l’engagement.
La colonisation est un pan méconnu, ou en tout cas peu maîtrisé, des jeunes Belges tant flamands que francophones. Les tensions récurrentes que suscite le passé colonial dans l’espace public nous rappellent pourtant à quel point il est essentiel de fournir aux élèves des outils et des connaissances sur un phénomène qui a façonné nos sociétés contemporaines.
Invités: Romain Landmeters, Doctorant FNRS-FRESH en histoire contemporaine à l’Université Saint-Louis, et Mireille-Tsheusi Robert, présidente de Bamko asbl (Comité féminin de veille antiraciste)