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Crise politique: n’abandonnez pas la réforme de l’aide à la jeunesse!

Crise politique: n’abandonnez pas la réforme de l’aide à la jeunesse!

La crise politique met à l’arrêt plusieurs projets importants dans le secteur de l’aide à la jeunesse. La réforme fondamentale du décret code est en danger.

Une carte blanche de Jacques Duchenne, président de la Fédération Laïque de l’Aide à la Jeunesse (FLAJ), publiée sur lesoir.be le 11/07/2017

La crise politique qui secoue actuellement la Fédération Wallonie-Bruxelles a de très nombreux effets collatéraux délétères. Nous ne nous voulons pas fustiger les responsables de cette situation, ni distribuer les bons et les mauvais points, ce n’est pas notre rôle.

Par contre, nous dénonçons avec force l’irrespect à l’égard de l’immense travail fourni par les acteurs de terrain que ce blocage provoque pour les politiques de l’emploi, de l’enseignement, de la petite enfance, du non-marchand et bien d’autres encore.

Mais c’est également le cas dans le secteur de l’aide à la jeunesse où plusieurs projets proches de leur aboutissement se trouvent aujourd’hui à l’arrêt, et pourraient être remis en question par une redistribution des priorités politiques. Cette situation présente le risque très réel d’impacter durement le sort de très nombreuses personnes fragilisées.

Bien du chemin a été parcouru depuis les premières lois sur l’aide à l’enfance (1912) jusqu’au décret de 1991, en passant par les dispositions de protection de la jeunesse (1965). Mais en dehors de ces grands moments historiques, les occasions de faire progresser les politiques sectorielles ont été rares. Or, ces derniers temps, un projet de décret portant le code de la prévention, de l’aide à la jeunesse et de la protection de la jeunesse était sur le point d’être soumis au vote du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce texte a notamment pour objet de renforcer la politique de prévention en faveur des jeunes et de leur famille et intégrer des mesures relatives aux mineurs en conflit avec la loi.

Ce projet prévoit également de réformer en partie l’aide à la jeunesse, et devrait permettre aux services d’aide en milieu ouvert (AMO – plus de 80 existent en Wallonie et à Bruxelles) de suivre des jeunes jusqu’à l’âge de 22 ans, ce qui correspond à un besoin criant constaté dans la pratique.

Un travail approfondi a déjà été mené sur les arrêtés de mise en application du futur (?) décret. De très nombreuses heures de travail ont été consenties pour analyser le code, émettre des avis, partager, échanger. Un premier refinancement conséquent du secteur avait été obtenu et un travail de concertation riche et fructueux s’était engagé. Mais face à l’augmentation des problèmes vécus par une multitude de nos concitoyens, ce premier refinancement est encore insuffisant et il est indispensable que les budgets octroyés soient rapidement augmentés.

Aujourd’hui, tout ce travail risque d’être compromis par la situation politique rocambolesque dans laquelle nous sommes tombés. Certaines des avancées substantielles acquises pour les enfants, les jeunes et leur famille seront peut-être perdues. Ce serait, nous le répétons, irrespectueux et dommageable.

Nous demandons donc avec force que le travail entamé se poursuive et aboutisse.

Quelle que soit la majorité politique qui se trouvera demain aux commandes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous demandons que le projet de décret code soit voté et que tout le travail de concertation accompli pour la rédaction des arrêtés de leur mise en application soit poursuivi.

Nous en appelons au sens des responsabilités de nos politiques et au sens de l’intérêt public qui doit les animer en toute occasion.

 


*La Fédération Laïque de l’Aide à la Jeunesse (FLAJ) regroupe des services agréés du secteur de l’Aide à la Jeunesse. Elle a pour but de fédérer les institutions et services, tant privés que publics, œuvrant dans le secteur de l’Aide à la Jeunesse dans le respect des singularités de ses différentes composantes et de défendre une politique de travail social préventive au bénéfice des jeunes, en respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant et de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme. La FLAJ est attachée aux valeurs et à la définition d’une Laïcité progressiste telle que définie par le Centre d’Action Laïque.

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