En ce 21 mars et à l’occasion des 40 ans de la loi Moreaux du 30 juillet 1981 qui tend à réprimer certains actes inspirés par le racisme et la xénophobie, le Centre d’Action Laïque pose le constat que le racisme est un problème persistant dans notre société. Les chiffres d’Unia, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances, le démontrent: dans l’ensemble des dossiers traités, les critères de discrimination dits « raciaux » sont les plus fréquents (1). Il est donc urgent d’agir concrètement.
Au travail, sur les réseaux sociaux ou encore au sein des forces de l’ordre, le racisme s’exprime dans toutes les sphères de la société, qu’elles soient privées ou publiques.
Dans le monde professionnel, la racisme est visible tant dans les relations avec les directions, les collègues, les client.e.s qu’au niveau des procédures de recrutement et lors de licenciements injustifiés (2).
Les réseaux sociaux sont devenus des moyens privilégiés pour diffuser des discours racistes. La Commission européenne a observé, en 2018, que les contenus haineux signalés aux plateformes relèvent principalement de la xénophobie (17%), de la haine en raison de l’orientation sexuelle (16%), de la haine anti-musulman (13%), anti-Rom (12%), et de l’antisémitisme (10%) (3).
Le racisme est présent également au sein des forces de l’ordre qui pratiqueraient massivement le profilage ethnique. En 2017, la Ligue des droits humains (LDH) a constaté que les personnes d’origine nord-africaine seraient contrôlées deux fois plus souvent que les personnes perçues comme n’étant pas d’origine étrangère (4). L’inquiétude est également suscitée par les messages racistes de certains policiers et les violences policières qui ciblent des personnes en fonction de leur couleur de peau.
Si une partie de la société civile se mobilise pour tenter d’abolir le racisme, par exemple lors des manifestations « Black Lives Matter », il est temps que le gouvernement fasse de même. Le changement des mentalités des citoyen.ne.s se fait également au sein des institutions et doit être soutenu par les faiseurs d’opinions et les médias.
Face à ces constats, le Centre d’Action Laïque demande qu’un Plan interfédéral de lutte contre le racisme soit adopté (5). Tout comme Unia, le Centre d’Action Laïque demande également aux autorités de collectiviser et d’affiner le recensement comme l’encodage des actes racistes par la police et le ministère public et se rallie à la recommandation de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance qui demande aux autorités de collaborer avec les employeurs pour améliorer les chances des migrants sur le marché du travail (6).
Enfin, le Centre d’Action Laïque rappelle qu’il est nécessaire de se baser sur les dispositions du Code pénal qui condamnent la calomnie, l’injure, la diffamation et le harcèlement, car la loi Moureaux ne condamne que les actions qui incitent publiquement les autres à discriminer (7). L’expression d’une opinion raciste ne tombe pas dans son champ d’application. Un élargissement de la loi Moreaux à ce type de fait pourrait donc être envisagé.
(1) https://www.unia.be/fr/publications-et-statistiques/publications/rapport-chiffres-2019
(2) https://www.unia.be/fr/articles/lutter-contre-le-racisme-plus-que-jamais-dactualite-en-Belgique
(3) https://www.sudouest.fr/2019/07/09/haine-en-ligne-les-chiffres-d-un-fleau-qui-ne-cesse-de-se-developper-6316374-5166.php.
(4) https://www.alterechos.be/la-police-de-malines-sattaque-au-profilage-ethnique/.
(5) https://www.unia.be/fr/legislation-et-recommandations/recommandations-dunia/elaborer-des-plans-daction-interfederaux
(6) https://www.unia.be/fr/articles/lutter-contre-le-racisme-plus-que-jamais-dactualite-en-Belgique
(7) William Bourton, « Alain Berenboom: ‘À chaque fois une circonstance particulière' », Le Soir, 6 janvier 2021