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Le droit à l’IVG en Amérique latine : entre grandes avancées et régressions

Le droit à l’IVG en Amérique latine : entre grandes avancées et régressions

La récente légalisation de l’IVG en Argentine est un grand espoir pour les droits des femmes dans l’ensemble de l’Amérique latine.vert

Avec cette loi humaniste et exemplaire en matière de droit des femmes, l’Argentine rejoint les trop rares autres pays de la région où l’IVG est légale : son voisin l’Uruguay, Cuba, la Guyana et deux Etats du Mexique (District fédéral de Mexico et Oaxaca).

Après ce vote historique, le droit à l’IVG est revenu sur le devant de la scène politique dans d’autres États de la région.

Au Chili, le Parlement examine des amendements visant à dépénaliser l’IVG jusqu’à la 14ème semaine. Cette proposition est moins ambitieuse que la loi argentine, qui aménage le droit à l’IVG de manière détaillée, mais ses promoteurs espèrent que cela pourra convaincre la classe politique chilienne très conservatrice (l’avortement était illégal dans tous les cas jusqu’en 2017). La proposition de loi, actuellement débattue dans la Commission de la Femme et de l’Égalité des genres de la Chambre des députés, est soutenue par 42,7% de la population, selon un sondage (32,2% contre et 25,1% ne se prononce pas).

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Cependant, dans d’autres pays, des gouvernements de la droite conservatrice vont dans la direction opposée. Le Honduras a inscrit l’interdiction totale de l’avortement dans la Constitution, rendant une future légalisation très difficile à adopter – alors que le Honduras faisait déjà partie des pays où l’avortement est interdit dans tous les cas (avec le Salvador, le Nicaragua, la République dominicaine, Haïti et le Suriname).

Une atrougeteinte grave aux droits humains des femmes est inscrite dans le marbre, confisquant les espoirs de change ment des femmes honduriennes. Dans ce pays, même la pilule du lendemain est interdite, et son usage puni d’emprisonnement, comme l’avortement. D’après une militante féministe, en 2019, dix mille femmes ont dû être hospitalisées à la suite d’avortements effectués dans de mauvaises conditions sanitaires ; une mort maternelle a lieu tous les trois jours, et 822 fillettes âgées entre 10 ans et 14 ans ont été forcées d’accoucher.

Dans la plupart des pays de la région, les Églises catholique et évangélique ont une grande influence politique et s’opposent aux évolutions. En pratique, la pression des autorités religieuses est forte sur les femmes souhaitant interrompre leur grossesse, leurs familles et les personnels de santé. En outre, la situation est particulièrement difficile pour les plus défavorisées, qui ont un accès plus limité à la contraception et manquent des ressources pour pratiquer un avortement illégalement.

Les expertes du Groupe de travail contre la discrimination envers les femmes et les filles de l’ONU ont condamné cette régression, et rappellent que l’interdiction complète de l’avortement et les poursuites pénales contre les femmes qui y ont recours sont des violations du droit international.

Au contraire, la loi argentine légalisant l’IVG est « une étape historique pour la réalisation par l’Argentine de ses obligations internationales en matière de droits de l’Homme, et devient un modèle pour toute la région et au-delà. »

Le Centre d’action laïque se joint à cet appel à suivre l’exemple argentin, en Amérique latine et au-delà, et dénonce fermement les initiatives visant à empêcher de mettre fin à la pénalisation de l’IVG.

La défense du droit à l’IVG est un engagement de longue date du mouvement laïque, au nom de la liberté, de la promotion de la santé publique et du droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur vie.

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