Le Centre d’Action Laïque (CAL) et la Fédération Humaniste Européenne (FHE) rencontraient à Rome, ce vendredi 26 septembre, les représentants du ministère des Affaires étrangères italien dans le cadre de la présidence italienne de l’Union européenne (UE).
Chaque semestre, un État membre préside à tour de rôle le Conseil de l’UE et définit les priorités d’action de l’Union. L’Italie occupe cette place jusqu’à décembre de cette année; une opportunité pour les acteurs de la société civile de faire valoir leurs recommandations.
Accompagnés de deux organisations laïques italiennes également membres de la FHE – UAAR et Coordinamento – , le CAL et la FHE ont souhaité souligner trois domaines dans lesquels l’UE doit mettre fin à la position de « double standards » qu’elle tient actuellement:
Liberté de religion et de croyances
Les humanistes appellent l’Union européenne à adopter à l’intérieur de ses frontières la même position laïque qu’elle promeut dans ses relations avec les pays tiers. En matière de politique étrangère (1), l’UE affirme clairement le droit de critiquer et de tourner en ridicule une religion ou une croyance, tout en promouvant le respect et la tolérance entre les personnes de convictions différentes. Il est intéressant de souligner que si l’UE défend les droits des croyants et non-croyants, elle ne protège donc aucune religion ou croyance en tant que telle. Elle recommande d’ailleurs explicitement de décriminaliser le délit de blasphème dans les pays tiers concernés. L’UE s’oppose également à toute limitation d’autres droits fondamentaux ainsi qu’à toute violence à l’encontre des femmes, des enfants, des minorités religieuses et des personnes LGBTI justifiées au nom de la liberté religieuse. La liberté religieuse oui, mais pas à n’importe quel prix.
Non-discrimination et égalité de traitement
La délégation appelle l’UE à renforcer son dispositif en la matière en adoptant la directive anti-discrimination bloquée au Conseil de l’UE depuis 2008. Il enjoint également l’UE de lutter plus particulièrement contre les discriminations à l’encontre des populations Rom ainsi que des personnes LGBTI.
Droits de l’homme et État de droit
Ici aussi, le CAL et la FHE appellent l’UE à adopter une politique intérieure similaire à sa politique étrangère et à mettre en place un plan d’action global pour prévenir et sanctionner les violations des droits fondamentaux au sein de l’UE. En matière de protection de l’Etat de droit et des principes démocratiques, la délégation humaniste invite l’UE à aller plus loin que la proposition de la Commission formulée en la matière (2) et à créer un dispositif indépendant évaluant le respect des valeurs et principes de l’UE par tous les Etats-membres (et pas seulement lorsqu’il existe une violation sérieuse comme en Hongrie par exemple).
Outre ces dossiers européens, la délégation souhaite aborder plusieurs points d’inquiétude relatifs à la situation italienne et proposera notamment au gouvernement de :
- Réguler le recours à l’objection de conscience en matière de droits sexuels et reproductifs afin de garantir l’accès des femmes aux services de planning familial, en ce compris l’avortement (légal en Italie). Actuellement, près de 70% des praticiens italiens se retranchent derrière le principe d’objection de conscience pour contrer la légalisation de ces services.
- Supprimer les cours de religion catholique au sein des écoles publiques et promouvoir l’éducation à la citoyenneté, à la sexualité et à l’histoire des religions dans ces écoles.Supprimer la pénalisation administrative du blasphème.
- Les recommandations complètes sont disponibles en anglais sur le site de la FHE ou ici.
(1) Lignes Directrices de l’Union Européenne sur la promotion et la protection de la liberté de religion et de croyance, 24 juin 2013
(2) La Commission européenne présente un cadre en vue de sauvegarder l’État de droit dans l’Union européenne, communication de la Commission, 11 mars 2014