Faut-il continuer de criminaliser les consommateurs de drogues? Comment doit-on répondre aux problèmes de violence liés au trafic des drogues? Comment penser les drogues dans une approche de santé publique axée sur la prévention et la réduction des risques plutôt que sur la répression?
À l’occasion de son troisième Midi PIL de la saison, le Centre d’Action Laïque a invité les partis politiques francophones à échanger sur ces questions. Ont répondu présents: Claire Hugon pour Écolo, Julien Lemoine pour DéFI, Özen Özlem pour le PS, Ismaël Nuino pour les Engagés et, enfin, Marie-Christine Marghem pour le MR. Ce débat enrichissant qui a eu lieu le 7 décembre dernier a permis d’ouvrir la réflexion et de poser des constats communs.
La loi drogues de 1921: prohibitionniste, répressive et inopérante
Ainsi, tous les partis se sont accordés sur l’inopérance de la loi pénale actuelle exclusivement prohibitionniste et répressive. Non seulement, elle n’a pas pour effet de faire baisser la consommation des drogues et leur présence sur le marché mais elle produit aussi une marginalisation des consommateurs qui peinent à recevoir des soins adaptés à leur addiction.
Quelles solutions à ce problème? Pour tous nos représentants, elles sont d’abord à trouver dans la prévention: il faut informer les citoyens sur les drogues existantes et les sensibiliser quant aux effets et risques provoqués par leur consommation. Aussi, il faut traiter les addictions aux drogues comme une question de santé publique en prévoyant des thérapies et des soins adaptés pour tous ceux qui ont ou risque d’avoir une consommation problématique.
Régulation, vente et production par l’État: la question divise
Toutefois, la question d’une politique de drogues axée sur la santé publique divise encore les politiques sur certaines de ses applications concrètes. Pour la représentante du MR, l’interdiction des drogues ne doit pas être évacuée car elle donne un indicateur de ce qui est nuisible pour la santé. Par ailleurs, si le PS, DéFI, Ecolo et les Engagés s’accordent pour un encadrement et une régulation par l’État de la vente et de la production du cannabis, cette quasi unanimité ne vaut pas forcément pour toutes les autres drogues.
La question du traitement de la violence engendrée par le trafic a également suscité de vifs échanges. Entre un refinancement de la justice, une répression plus ferme contre la vente illégale ou sa légalisation, les réponses sont multiples et sujettes au débat.
Enfin, on retiendra le rappel des ASBL Transit et Feda sur l’urgence sanitaire actuelle et la nécessité d’une évaluation par l’État de la loi de 1921 et des impacts délétères que la prohibition produit sur les politiques de santé et de prévention des risques auprès des citoyens.