Une fois de plus les évêques de Belgique s’imposent en amont du débat parlementaire pour contester « une proposition de loi débattue au parlement fédéral » sur l’interruption de grossesse.
Sur la forme, soit l’Église de Belgique est mal informée, soit elle feint l’ignorance pour ne pas se confronter au rapport unanime des experts – en ce compris catholiques – qui ont détaillé les raisons scientifiques, médicales et sociales qui commandent d’améliorer la loi actuelle. Relayer à cette occasion les craintes et les plaintes des praticiens opposés à ces améliorations est hors sujet puisqu’en Belgique, tout praticien a le DROIT de refuser de pratiquer cet acte médical, ce qui est déjà une exception au serment d’Hippocrate.
Car, sur le fond, c’est bien de cela qu’il s’agit: l’Église s’immisce à nouveau dans ce débat en refusant de considérer l’interruption de grossesse comme un acte médical alors qu’il s’agit de la première recommandation du rapport des experts désignés par l’ensemble du Gouvernement fédéral.
En plaçant cette intervention dans un cadre moral et religieux, l’Église cautionne la barbarie à l’égard des millions de femmes – dont 40.000 meurent chaque année – mutilées à cause d’avortements clandestins. En effet, l’ensemble des décès et des traumatismes résultant d’un avortement non sécurisé sont entièrement évitables, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (mars 2022) qui conclut: « Toutes les femmes et les filles doivent avoir accès aux services d’avortement et de planification familiale lorsqu’elles en ont besoin. »
Les recommandations scientifiques en matière d’IVG sont les mêmes pour les experts belges dans leur rapport présenté au Parlement le 18 avril comme pour ceux de l’OMS: améliorer la pratique clinique, la prestation de services de santé et les interventions juridiques et politiques visant à favoriser la fourniture de soins liés à l’avortement de qualité…
Dans cette nouvelle déclaration sur l’avortement, qui n’a pas varié depuis les années 1970, les évêques ne parlent, eux, que de « mères » et de fœtus, dans un seul but en réalité: empêcher les femmes de disposer de leur corps et d’avoir en toute autonomie la possibilité de recourir à une IVG.
Car ne nous y trompons pas, peu importe pour l’Église catholique que le délai pour pratiquer une IVG soit de 12 ou 18 semaines: elle a toujours été et reste totalement opposée à l’avortement!
Pour preuve, à la tiède citation du pape François « sur l’accueil d’une nouvelle vie » reprise dans leur déclaration, nous renvoyons les évêques de Belgique à l’homélie papale du 10 octobre 2018: « Avorter, c’est recourir à un tueur à gages! », visant ainsi à mots couverts les médecins et tous ceux et celles qui aident les femmes.
Le Centre d’Action Laïque se tient au côté des soignants, et au côté des femmes qui, manifestement, pour l’Église catholique demeureront toujours fautives et criminelles.
La science, la médecine et la raison doivent primer. Dans un État démocratique, les femmes, autant que les hommes, ont droit à l’autonomie de décision, à la santé et à la liberté.