![[VIDÉO] Cannabis, réglementons!](https://www.laicite.be/app/uploads/2018/09/cannabis-reglementons.jpg)
Fumer du cannabis pour se soigner ou pour son plaisir, c’est désormais possible au Canada. Et pourquoi pas en Belgique? C’est la question que nous avons posée dans notre émission Libres, ensemble. Antoine Boucher, chargé de communication à Infor-Drogues, a tenu à rappeler que détenir du cannabis était toujours totalement interdit en Belgique. “À partir du moment où on a dit que ce n’était plus poursuivi, explique-t-il, il y a eu une confusion dans l’esprit des gens avec: ça devient légal.” Non seulement la production, la vente et la détention de cannabis restent interdites mais de plus, le gouvernement fédéral a mis fin dans un arrêté royal de septembre 2017 à la politique de tolérance qui régnait.
Pourtant, pour Martin de Duve, expert en santé publique et directeur de l’asbl Univers Santé, il est temps de changer de regard sur le cannabis. “L’homme a toujours cherché à modifier son état de conscience. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, on était dans une ère d’insouciance par rapport au cannabis. Au début du XXe siècle, les Etats ont interdit sur base de questions morales, pas de santé publique. Il faut à présent sortir du moralisme et entrer dans une ère du pragmatisme.” Le pragmatisme, c’est aussi ce que plaide Ruth Dreifuss, ancienne présidente de la Confédération suisse et présidente de la Commission globale de politique en matière de drogues: “L’Etat contrôle la qualité des aliments, le taux d’alcool. Pourquoi, au nom de l’illégalité irrationnelle d’un certain nombre de produits, l’Etat s’est-il au fond défaussé sur les organisations criminelles?”
Beaucoup d’acteurs de terrain, actifs dans la prévention et la réduction des risques demandent ainsi, tout comme le CAL, une vraie réglementation du secteur par l’Etat. Pas question de tout autoriser n’importe comment mais pour Martin de Duve, “il faut opérer un vrai rééquilibrage entre la permission à outrance sur certains produits comme l’alcool et la tolérance zéro en matière de cannabis”. Une réglementation qui changerait tout. Infor-Drogues pourrait par exemple réellement informer sur le produit et ses risques. Quant à Dominique Lossignol, médecin, chef de la clinique des soins supportifs et palliatifs à l’Institut Bordet à Bruxelles, il pourrait enfin prescrire du cannabis thérapeutique aux patients pour qui cette molécule calme les douleurs: “Aujourd’hui, les patients qui utilisent des dérivés cannabinoïdes à des fins thérapeutiques sont punis deux à trois fois: le fait d’être malade, d’avoir mal et de ne pouvoir se soigner sans risque d’être poursuivi.” Pour lui, cette non-volonté des politiques de regarder la réalité illustre un manque de respect des malades.