Communiqués de presse

2h de philosophie et citoyenneté: une réforme Capitole

2h de philosophie et citoyenneté:  une réforme Capitole

Alors qu’un groupe de travail composé de député(e)s de la Fédération Wallonie-Bruxelles entamera mercredi ses travaux sur le cours de philosophie et citoyenneté (CPC), le Centre d’Action Laïque invite les parlementaires à doter notre enseignement d’un outil à la hauteur des enjeux sociétaux: 2 heures obligatoires de philosophie et citoyenneté pour tous les élèves au nom de l’égalité et d’une actualité qui nous montre chaque jour la nécessité d’outiller nos jeunes face à la désinformation, aux fake news et à l’intolérance.

L’insurrection au Capitole a démontré une fois encore le réel danger que pouvaient engendrer la désinformation, les discours radicaux et l’intolérance, qui ne sont d’ailleurs pas sans rappeler mécanismes utilisés en Belgique par les groupuscules et mouvements d’extrême-droite, ainsi que par tous les partis politiques qui s’en revendiquent ou qui flirtent avec ces thèses au sein de nos assemblées parlementaires ou en dehors. Face à ces constats et ces enjeux fondamentaux, fournir à tous les élèves les outils pour développer leur esprit critique, leur questionnement philosophique et leur citoyenneté est une nécessité pour eux mais aussi pour notre démocratie. La lutte contre ces théories de post-vérité exige de traiter les informations avec un regard critique, et de pratiquer la décentration, c’est-à-dire la mise en perspective et l’interrogation de nos certitudes. Ces savoir-faire ne sont pas innés. Ils doivent être appris, mis en pratique, exercés, et le cours de philosophie et citoyenneté est le seul endroit qui garantit à tous les enfants francophones, ensemble, de bénéficier de manière équitable de cet apprentissage.

2 heures, c’est un minimum. C’est aussi une question d’égalité et de justice sociale.

Pour Véronique De Keyser, Présidente du Centre d’Action Laïque, « il s’agit de les initier à la culture du débat, au questionnement philosophique, à la construction d’un discours et d’une pensée critique, ainsi qu’à l’acceptation des différents points-de-vue sur des sujets variés d’actualité. Et cela, sans les cloisonner en fonction de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents). Cet apprentissage est un vecteur d’égalité qui s’inscrit sur le terrain de la justice sociale: le capital culturel et symbolique d’un élève désigne en effet l’ensemble des habitus qui sont communs à la maison et à l’école. Or, la reproduction des inégalités en milieu scolaire, développée par les théories des sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, est alimentée par un mécanisme simple: le modèle culturel des catégories sociales favorisées sont reproduites par l’école dès le plus jeune âge. L’école sanctionne ce qui est culturellement légitime et favorise les enfants qui se l’approprient plus facilement. Le CPC a donc son rôle à jouer dans cette lutte contre les inégalités et peut offrir à tous les élèves – en particulier ceux qui sont culturellement défavorisés – les outils de philosophie et de citoyenneté. »

Pour le Centre d’Action Laïque, le référentiel existant pour les deux heures de philosophie et citoyenneté est à la hauteur des enjeux. Il répond aux perpétuelles interrogations – notamment parlementaires – concernant le bagage dont devrait être muni chaque élève dans sa formation citoyenne. Ce référentiel n’élude aucune question essentielle dont les questions religieuses et la pensée humaniste qui représentent des faits historiques et culturels incontournables. L’enjeu de la généralisation à deux heures du cours de philosophie et citoyenneté n’est pas la place de religions dans l’école mais bien, au bénéfice et dans l’intérêt supérieur de tous les élèves, une question fondamentale de société et d’adéquation de notre enseignement aux enjeux de sociétés actuels

Pour le Centre d’Action Laïque, au lieu d’identifier puis de séparer les élèves sur base de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents), la Fédération Wallonie-Bruxelles doit mettre en place un cours obligatoire de 2h heures de philosophie et citoyenneté afin de renforcer leur développement critique et leur émancipation citoyenne au regard de nos valeurs démocratiques.