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Retour sur… Midi PIL « Mémorandum »: Deux heures de philo et citoyenneté, quelles solutions?

Retour sur… Midi PIL « Mémorandum »: Deux heures de philo et citoyenneté, quelles solutions?

Quel avenir pour le cours de philosophie et citoyenneté ? Une heure obligatoire par semaine, est-ce suffisant pour tenir les ambitions du programme ? N’est-il pas temps de passer à deux heures obligatoires pour tous les élèves ? Avec quelles solutions ? Dans le cadre de son mémorandum pour les élections 2024, le Centre d’Action Laïque a invité tous les partis francophones à se positionner sur ces questions.

Ont répondu présents à cet événement « Midi PIL » : 

  • Marie Borsu, représentante Ecolo
  • Delphine Chabbert, représentante PS
  • Aline Godfrin, représentante MR
  • Jean-Pierre Kerckhofs, représentant PTB
  • Joëlle Maison, représentante DéFI

Ce débat enrichissant qui a eu lieu le mercredi 24 avril dernier a permis d’ouvrir la réflexion et de poser des constats communs.

Premier constat unanime : l’actuel cours de philosophie et citoyenneté (EPC et CPC), tel qu’il est organisé, est intenable pour les directions, les professeurs et les élèves tant la formule proposée est complexe. C’est ce qu’a soutenu par ailleurs, une enseignante qui a interrompu le débat à la 45e minute en s’exclamant « le cours est terminé » et en s’empressant d’ajouter « retenez bien tout ce qui s’est dit aujourd’hui car on poursuit la semaine prochaine ». Comme une piqûre de rappel, cette action démontre toute la difficulté de relever les enjeux de la citoyenneté sur le temps d’une période de cours. Fort heureusement, cette absurdité est admise par les représentants politiques présents. Tous reconnaissent une nécessité cruciale d’initier les élèves aux pratiques citoyennes via la démarche philosophique qui permet d’interroger les préconceptions et de s’abstraire des convictions. Aucun parti n’a donc contesté la proposition de résolution signée en 2021 par le PS, MR et Ecolo pour l’élargissement du cours à deux heures obligatoires par semaine. En outre, chacun des représentants admet l’intérêt pédagogique de ne pas séparer les élèves en fonction de la conviction de leurs parents.

Mais si tous se sont engagés à consolider le cours via une deuxième heure obligatoire dans le réseau officiel, chacun ne propose pas les mêmes solutions. Le point créant le plus de divergence étant celle de la place des cours de religions et de morale laïque (RELMO). Pour le PS, il est absolument primordial de passer à deux heures de philosophie et citoyenneté et de maintenir la possibilité de suivre les cours de RELMO tout en poursuivant un dialogue avec les parents afin de résoudre la question de leur place au sein de la grille horaire. Ecolo défend une ligne similaire en plaidant pour deux heures de philo et citoyenneté et une heure optionnelle de religions et de morale. DéFI rejoint les autres partis sur le passage à deux heures de philo mais tient une position plus tranchée sur les cours convictionnels en arguant pour leur sortie de la grille horaire tout en restant aisément accessibles. Le MR énonce qu’ils n’ont pas renoncé aux deux heures de philosophie et citoyenneté et admet une préférence pour la sortie des cours de RELMO de la grille horaire. Toutefois, le parti plaide pour que ces changements prennent place dans une réforme de la journée scolaire dans sa globalité. Sur le principe, une telle réforme pourrait être soutenue par le PTB qui refuse le postulat selon lequel la grille horaire ne peut pas changer. Le parti défend ainsi le passage à deux heures des cours d’EPC et de CPC tout en maintenant l’heure dédiée aux religions et à la morale laïque. Pour Les Engagés, la question se pose autrement puisqu’ils plaident pour la création d’un cours d’éducation philosophique et convictionnelle de deux périodes, dont le contenu continuerait d’accorder une place à la philosophie en y ajoutant le pan du dialogue inter convictionnel. 

Un deuxième constat unanime a porté sur la disparité entre le réseau libre confessionnel et le réseau officiel. Tous les partis reconnaissent que l’absence d’un cours dédié à la philosophie et la citoyenneté dans le réseau libre crée des inégalités dans l’éducation des jeunes alors que les enjeux auxquels le cours répond sont fondamentaux et participent au développement de l’agentivité des élèves.

Les partis s’accordent néanmoins pour dire que la priorité est d’avancer sur ce qui existe déjà et ce, sur quoi ils se sont mis d’accord. Ainsi, peut-on espérer qu’à la Fédération Wallonie-Bruxelles, la prochaine législature s’ouvre avec la mise en œuvre des deux heures de philosophie et citoyenneté pour tous les élèves, au moins d’abord dans le réseau officiel.