Profitant de la proclamation d’un strict confinement, les autorités hongroises ont récemment adopté des changements constitutionnels consolidant la place du conservatisme religieux dans l’ordre juridique.
Ces amendements à la Constitution stipulent que « la mère est une femme, le père est un homme » et que « la Hongrie protège le droit des enfants à s’identifier en fonction de leur sexe ». L’opposition à la reconnaissance des droits des personnes transgenres et à l’adoption par les couples de personnes du même sexe acquiert valeur constitutionnelle, au moment même où la Commission européenne adopte sa première stratégie pour l’égalité des droits des personnes LGBTQI (1)…
En outre, la Constitution précisera que « la Hongrie protège le droit des enfants à l’éducation conformément à l’identité constitutionnelle de la Hongrie et au système de valeurs de la culture chrétienne ». Cela fait suite à un amendement de 2018, qui fait de la « protection de l’identité constitutionnelle et de la culture chrétienne de la Hongrie » une obligation de chaque organe de l’État.
Le Centre d’Action Laïque condamne cet usage du religieux dans la politique. L’inscription de principes religieux est contraire au principe de laïcité et de neutralité de l’État, et enracine la discrimination contre les personnes appartenant aux minorités sexuelles et de genre.
En outre, l’usage de la rhétorique des « droits de l’enfant » est particulièrement choquant alors que le but du gouvernement est la limitation de leurs droits, en particulier de leur droit à l’éducation, incluant une éducation sexuelle fondée sur la science et non sur des préjugés religieux. Le Centre d’Action Laïque dénonce ce recours abusif et dévoyé aux droits de l’enfant par des autorités illibérales et réactionnaires.
Ces modifications constitutionnelles s’accompagnent de l’autoritarisme grandissant du pouvoir, qui a fait glisser la Hongrie dans la catégorie des pays « partiellement libres », selon l’ONG Freedom House.
(1) Première stratégie de l’Union européenne pour les droits des personnes LGBTQI, 19/11/2020