Le Collectif Laïcité Yallah, le Centre Communautaire Laïc Juif et le Centre d’Action Laïque offrent leur total soutien à Nadia Geerts, professeure de philosophie à la haute école Bruxelles-Brabant (HE2B) et militante féministe et laïque bien connue, qui fait l’objet d’une campagne de haine, de diffamation et de menaces sur les réseaux sociaux en raison de ses positions en faveur de la neutralité dans l’enseignement obligatoire et de sa réaction à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine.
En effet, nous sommes extrêmement préoccupés par ce climat de haine et de violence qui cible, particulièrement, des militantes et militants laïques et féministes qui défendent des principes humanistes et universalistes sans que cela ne suscite, outre mesure, une réaction ferme des autorités publiques et des partis politiques. D’autant plus que nous savons où peut mener cette haine, dans notre pays, depuis les attentats terroristes islamistes contre le musée juif de Belgique (2014), l’aéroport de Zaventem, la station de métro Maelbeek (2016).
Protéger les écoles des dérives
Taire, aujourd’hui, cette violence dirigée contre Nadia Geerts, enseignante, essayiste et chroniqueuse à l’hebdomadaire français Marianne, récipiendaire du Prix international de la laïcité 2019, c’est déjà céder à la peur, à la censure et à l’autocensure. Impensable pour nous, démocrates, attachés à la raison, à la pensée critique et au débat contradictoire. Nous valorisons l’éducation, la culture et les échanges. C’est pourquoi il est impératif de protéger l’école des pressions religieuses de plus en plus fortes. En France, une enquête publiée au début de mois de janvier par la Fondation Jean Jaurès révèle que les revendications liées à des croyances ou des pratiques religieuses en milieu scolaire sont en nette augmentation. La majorité des enseignants (53 %) dans le secondaire sont confrontés à des pressions religieuses. Qu’en est-il en Belgique ? Ouvrons le débat !
Croyance vs connaissance
L’école doit préparer les élèves à distinguer entre ce qui relève de la croyance et ce qui est de l’ordre de la connaissance. Ce qui peut avoir valeur d’universel et ce qui peut être lié à la particularité d’un individu. La libre expression des idées est nécessaire. Ceci ne peut se faire sans une tête bien faite. Il faut, cependant, distinguer deux choses : d’un côté, la critique des religions, protégée par la loi (y compris acerbe et virulente) et, de l’autre, l’incitation à la haine et à la discrimination à l’endroit des personnes sur une base religieuse, sanctionnée par la loi. Par conséquent, critiquer des dogmes ou des pratiques religieuses réelles ou supposées ne devrait pas conduire à l’insécurité ou l’intimidation.
Un soutien public et politique impératif
Dans ce contexte, nous appelons à une très large mobilisation en faveur de la laïcité et de la neutralité dans l’enseignement obligatoire et dans l’administration publique. Il convient de rappeler que la laïcité n’est pas une guerre contre les religions mais le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Nous réitérons notre pleine solidarité aux militantes et militants laïques qui grâce à leur travail participent à améliorer nos milieux de vie et à favoriser la citoyenneté. Nous appelons les autorités publiques et les partis politiques à manifester une plus grande considération vis-à-vis de leur engagement et les soutenir dans leurs actions.
Carte blanche parue sur lesoir.be le 26/01/2021