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Une école publique et neutre pour tous: défendre l’égalité et renforcer la citoyenneté

Une école publique et neutre pour tous: défendre l’égalité et renforcer la citoyenneté

Le Centre d’Action Laïque défend depuis toujours une école publique, unique, gratuite et neutre, garante d’égalité et d’émancipation pour tous les enfants. Face aux inégalités scolaires et aux pressions religieuses, il réaffirme notamment la nécessité de deux heures de philosophie et citoyenneté pour chaque élève. Former des citoyens libres, critiques et responsables est plus que jamais une urgence démocratique.

Comme lors de chaque rentrée scolaire, le secteur de l’enseignement a profité des congés d’été pour faire le point sur l’année écoulée, mais aussi dresser les enjeux futurs.

À cet égard, le combat laïque pour l’enseignement en Belgique reste profondément enraciné dans une longue tradition de lutte pour l’émancipation intellectuelle et morale des citoyens et de défense d’une école publique et égalitaire. Une revendication qui continue à faire sens aujourd’hui.

Pourquoi une école publique, unique et gratuite reste essentielle

Car en effet, le Centre d’Action Laïque plaide pour une école unique, neutre, publique et gratuite, c’est-à-dire:

  1. La garantie d’un service public accessible à tous, indépendamment des moyens financiers, des convictions privées ou des capacités de l’enfant.
  2. Le principe de gratuité, condition sine qua non de son égal accès à tous et qui n’a de sens que dans le cadre d’une institution organisée et contrôlée par les pouvoirs publics.
  3. La garantie de la neutralité de l’institution et des enseignants, condition sine qua non de l’accueil de tous les enfants.
  4. L’objectif d’un réseau unique, afin de mettre fin au quasi-marché scolaire, facteur de ségrégation scolaire, et donc d’inégalités scolaires.

L’histoire du combat laïque pour l’enseignement en Belgique est aussi celle de la défense de l’école publique contre les tentatives répétées d’influence religieuse. Pour le CAL, une lecture attentive des décrets « Neutralité » montre que cette neutralité est loin de signifier un désengagement ou une « posture molle », contrairement à ce d’aucuns pourraient penser. Elle offre au contraire le cadre d’un enseignement basé sur la méthode scientifique, tout en garantissant le respect des convictions privées et des choix personnels qui coexistent dans une société pluraliste et ouverte. Ce principe de neutralité est celui qui permet à l’école de jouer sa fonction d’émancipation sociale: l’enseignement officiel « forme les élèves à reconnaître la pluralité des valeurs qui constituent l’humanisme contemporain. En ce sens, il fournit aux élèves les éléments d’information qui contribuent au développement libre et graduel de leur personnalité » (art. 4 du décret « Neutralité », 1994). Contrairement au SeGEC, qui prône un réinvestissement de l’Eglise dans les écoles catholiques, ainsi que des animations pastorales et la présence de crucifix1, le CAL défend un espace scolaire neutre, et par conséquent émancipateur car pluraliste.

La neutralité scolaire, un principe d’émancipation et de pluralisme

C’est dans cet esprit d’émancipation et de citoyenneté responsable que le cours de philosophie et citoyenneté se révèle crucial. Il offre un espace de réflexion et de dialogue qui encourage l’approche critique des grandes questions de société, évitant ainsi toute influence religieuse prosélyte dans l’enseignement. La méthode du CPC est bien l’apprentissage de la démarche philosophique fondée sur la décentration et le questionnement. Ainsi, pour rassurer Eric de Beukelaer, vicaire général, qui craint que ce cours « n’aseptise » l’école2, la démarche philosophique est bien une posture intellectuelle active, et qui a fait ses preuves! L’apprentissage de cette démarche philosophique, qui vise à la décentration par rapport à ses propres convictions, ne peut donc de facto pas s’inscrire dans le cadre d’un dialogue interconvictionnel, qui dénaturerait toute logique de démarche philosophique. 

Deux heures de philosophie et citoyenneté pour tous : un enjeu démocratique

À cet égard, le cours de philosophie et citoyenneté (CPC) est le seul endroit qui garantit à tous les enfants francophones de bénéficier de manière équitable de cet apprentissage, et cela, sans les cloisonner en fonction de leurs convictions religieuses (ou celles de leurs parents). Au vu de la montée de l’extrême droite en Europe et en Belgique, de la méconnaissance des jeunes au sujet du fonctionnement démocratique, mais aussi des défis majeurs comme la transition climatique ou l’égalité femmes/hommes, deux heures de philosophie et citoyenneté pour tous les élèves est un minimum. Sur une scolarité complète sans accroc, chaque élève pourrait bénéficier ainsi de 900 heures de philosophie et citoyenneté, c’est-à-dire 900 heures où il apprendrait à débattre avec tous ses camarades en vue d’exercer sa citoyenneté. 

Offrir deux heures de philo et citoyenneté à tous les élèves est désormais une question de volonté politique. Ce dossier est le fruit d’un long processus démocratique, notamment parlementaire, qui porte en lui tous les éléments à même de trouver un équilibre entre les aspects juridiques, organisationnels, budgétaires, politiques, et philosophiques.


  1. https://www.cathobel.be/2025/08/alexandre-lodez-secretaire-general-du-segec-leglise-devrait-redefinir-sa-strategie-vis-a-vis-du-monde-scolaire/ ↩︎
  2. https://www.lesoir.be/art/d-20250815-HDFR5T ↩︎
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