Espace de libertés | Juin 2020 (n° 490)

Femme, noire et communiste : et alors ?


Des idées et des mots

Elle est célèbre dans le monde entier qu’elle continue d’arpenter, luttant sans trêve en faveur des minorités et des prisonniers politiques. Née en 1944 en Alabama, là où sévissent la ségrégation raciale et les attaques du Ku Klux Klan, la militante afro-américaine communiste Angela Davis deviendra « l’ennemie publique numéro un » du gouvernement Reagan et sera emprisonnée, risquant la condamnation à mort. Elle sera finalement libérée à l’été 1971, grâce à une mobilisation internationale. Jacques Prévert lui a écrit un poème, les Rolling Stones, John Lennon et Yoko Ono lui ont consacré une chanson. La BD Miss Davis revient aujourd’hui sur une portion de sa vie, de son enfance à son acquittement en 1972. Scénariste, illustrateur et graphiste, Amazing Améziane n’en est pas à sa première collaboration ni à sa première comic-biographie en duo avec la scénariste Sybille Titeux de la Croix, puisqu’ils ont publié ensemble un album sur le plus célèbre boxeur militant de la cause noire du xxe siècle, Muhammad Ali (Le Lombard, 2015). En quatre chapitres et un épilogue, la scénariste et l’illustrateur reviennent donc sur l’enfance de la jeune Angela, ses études, son goût pour la philosophie, sa proximité avec le Student Nonviolent Coordinating Committee et le Black Panther Party, les voyages qui l’ont forgée. Ils dépeignent également les événements qui renforceront son engagement et jalonneront son existence. Loin d’être monotone, cette chronologie s’accompagne d’une mise en page inventive, ponctuée du point de vue journalistique de June Seymour, de planches aux crayons de couleur ou de reproductions de coupures de presse. On en perd parfois un peu le fil, tant les personnages qu’Angela croise et côtoie sont nombreux. L’album se révèle toutefois un bel hommage à une femme de convictions dont les discours publics continuent d’enflammer les foules, le poing levé. (ad)