Espace de libertés | Février 2020 (n° 486)

La laïcité, gardienne de nos consciences


Édito

Le mois dernier, Espace de libertés revenait amplement sur une funeste date commémorative : celle des cinq ans de l’attentat islamiste à Charlie Hebdo qui avait décimé une grande partie de sa rédaction. Le Centre d’Action Laïque soutient en effet envers et contre tout le droit à la liberté d’expression, celui de la presse et au blasphème, dont les caricaturistes et journalistes s’emparent régulièrement.

Mais nous avions également cette sensation, corroborée par différents acteurs de la société civile, de nombreux citoyens et une partie du monde politique, que l’« attentat de Charlie » résonnaient aussi comme une atteinte à la laïcité. C’est également le sentiment de l’une des membres actuels de la rédaction du journal satirique, Marika Bret, qui nous accorde un grand entretien dans ce numéro, à l’occasion d’un livre qu’elle vient de publier sur l’état de la laïcité en France et les attaques qu’elle estime s’accumuler depuis près de 30 ans contre cette valeur cardinale de l’Hexagone.

Bien entendu, son but, de même que le nôtre, ne consiste pas à nous apitoyer sur les attaques en question, mais de démontrer une vigilance certaine face aux réseaux fondamentalistes et antidémocratiques qui tentent d’imposer un retour à des valeurs traditionalistes qui riment surtout avec la renaissance de certaines inégalités (de genre, sexistes, dogmatiques, entre autres) que nous combattons depuis cinquante ans au sein de notre mouvement. Ces sinistres courants « anti-lumières » qui ne servent personne sinon eux-mêmes.

C’est aussi l’occasion de rappeler ce qu’est réellement la laïcité, de la remettre à sa juste place, loin des manipulations par des courants d’extrême droite qui instrumentalisent la notion de laïcité en vue d’asseoir leur vision d’une société basée sur le substrat civilisationnel chrétien. Et ce qui nous préoccupe particulièrement, c’est qu’en brandissant cette « identité religieuse », ces courants extrémistes contribuent à nous diviser. Tout le contraire des buts poursuivis par la laïcité qui, il n’est jamais inutile de le rappeler, est ce pivot, cette base commune à tous les citoyens, qui permet de croire, de ne pas croire, ou de changer de religion. Bref, de vivre ensemble dans le respect d’autrui, quelles que soient nos origines ou nos convictions. Car la laïcité, c’est avant tout notre liberté de conscience. Ce que nous rappellerons tout au long de notre campagne cette année. Ceci, dans un esprit pacifiste qui porte la liberté au sommet de toutes les valeurs essentielles à respecter et à chérir en démocratie. La laïcité, c’est un service public. Pour tout le monde. Une garantie de non-intrusion dans nos consciences. Quels que soient nos particularismes.