Espace de libertés | Mars 2020 (n° 487)

Liberté, égalité, féminisme…


Édito

Il y a un côté un peu ubuesque à revenir tous les 8 mars sur ces inégalités qui flagellent encore les droits dont les femmes sont supposées disposer dans nos États démocratiques. À force de plier, de se résigner face aux injustices, on s’y habituerait presque. Car finalement, que sont ces petits pour cent de différence salariale par rapport aux hommes ?
Que sont ce taux de pauvreté qui touchent majoritairement les femmes – et plus encore celles en situation de monoparentalité –, cette double ou triple journée (boulot, tâches ménagères, enfants) qu’elles ont encore le « privilège » d’assumer, ces retraites de misère héritées de temps partiels que les femmes prennent encore à 45 % contre 9,5 % chez les salariés ? Sans oublier le harcèlement – dans la rue, sur les réseaux sociaux –, les violences intrafamiliales, les féminicides, le plafond de verre, l’invisibilisation, etc. Franchement, n’est-ce pas surréaliste de devoir citer ces faits et chiffres en 2020 ? Je me sens presque une « imposteur » (bizarrement, le féminin de ce mot n’existe pas !), alors qu’il s’agit là de réalités partagées par un nombre incalculable de femmes. Ces faits intolérables décrits dans les lignes qui précèdent auraient dû être explicités, étayés dans les lignes qui suivent, si n’était pas survenu entre-temps un événement que j’estime tout aussi surréaliste. Et vous allez rapidement faire lien, celui-ci provenant du cercle féministe de l’ULB. La relève militante, quoi ! Et pourtant : on tombe de haut lorsque dans un communiqué daté du 12 février, à l’occasion d’un débat sur la liberté d’expression que nous organisions à l’ULB, ce cercle – appuyé par l’Union syndicale étudiante – affirme sans ambages leur récrimination : « L’ULB se rend honteusement complice des réactionnaires de Charlie Hebdo en les invitant à cette rencontre. Pas de réacs sur nos campus », tance le communiqué publié sur Facebook. S’insurger contre la tenue d’un débat sur la liberté d’expression : cherchez l’erreur… Mais le plus effrayant là-dedans, c’est que les auteur.e.s de ce communiqué n’ont pas eu le courage de venir défendre leur position en direct, ce qui aurait d’ailleurs été palpitant face à l’une des grandes féministes de la rédaction présente lors de ce débat : Marika Bret.