Dans cette nouvelle édition largement remaniée et actualisée de Fichu voile ! 2011, Nadia Geerts, philosophe, militante féministe et laïque, revient sur les questions autour du voile dans le milieu scolaire, l’enseignement supérieur, la fonction publique et le Parlement, et pointe l’émergence de nouveaux phénomènes tels que le voilement des fillettes. Dix ans plus tard, la situation s’est plutôt aggravée, constate-t-elle. Sous couvert de respect de la différence, des libertés religieuses et individuelles, les atteintes aux principes de neutralité de la fonction publique se sont multipliées. Faute d’avoir adopté une législation claire la garantissant fermement, une insécurité juridique s’est installée ; comme l’illustre, hasard du calendrier, le jugement du tribunal du travail condamnant la STIB pour discrimination à l’embauche, lui enjoignant de renoncer à sa politique de neutralité. Basant son propos essentiellement sur la symbolique du voile, elle considère que son port ne peut se réduire à leligieux ou culturel, car il revêt une indéniable di’argument du choix individuel de la femme, qu’il soit rmension politique. La grande majorité des femmes qui le portent ne sont sans doute pas conscientes de l’idéologie qu’elles véhiculent, postule-t-elle. C’est pourtant le projet politique derrière le voile qui doit éveiller à la vigilance. Car, partout dans le monde, la stratégie islamiste instrumentalise le voilement des femmes. Une banalisation du port du voile est à l’œuvre au détriment des principes universalistes, s’inquiète-t-elle. « Toute critique semble de plus en plus difficile, voire dangereuse, à formuler. » En tant que démocrate, elle se méfie bien sûr du risque d’instrumentalisation xénophobe de ce débat. « Doit-on tolérer le sexisme par peur du racisme ? » interroge Caroline Fourest dans son introduction. Pour Nadia Geerts, il faut à l’évidence combattre les deux. (ac)
Des idées et des mots