Espace de libertés | Mars 2019 (n° 477)

Le temps pourri des colonies


Quoi?!

Des excuses à présenter par l’État belge pour les crimes commis durant la colonisation de l’Afrique, et en particulier du Congo belge : c’est à cette conclusion qu’est arrivé un groupe d’experts sur les personnes d’ascendance africaine de l’ONU, après avoir séjourné pendant une semaine en Belgique. Le passé colonial de la Belgique recèle son lot d’horreurs, mais la situation présente est loin d’être parfaite pour les communautés noires. « Nous avons découvert des preuves claires que la discrimination raciale est endémique dans les institutions en Belgique. Les personnes d’ascendance africaine font face à de la discrimination dans la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels », a déclaré le groupe onusien. Dans son rapport préliminaire, il recommande « une justice réparatoire, en vue de fermer le sombre chapitre de l’histoire et comme moyen de réconciliation et de guérison ». Les réactions politiques sont rares, jusqu’à présent, si ce n’est pour rappeler la distinction qui doit/devrait être faite entre ce qui s’est produit avant 1908, lorsque le Congo était la propriété privée du roi Léopold II, et après 1908, lorsque le Congo est devenu colonie belge. Le Palais royal, lui, reste muet et renvoie aux Affaires étrangères. Au même moment, la nuit du 12 au 13 février, la statue du buste du roi Léopold II qui se trouvait au parc Duden, dans la commune bruxelloise de Forest, a une nouvelle fois été volée. Régulièrement recouverte de tags, elle avait déjà été déboulonnée en janvier dernier pas des militants anticolonialistes et remplacée par un buste en graines pour les oiseaux. Cette fois, il a été remplacé par un buste de Nelson Mandela… qui fut aussitôt vandalisé. Endémique, qu’ils disent ?