Il y a un an, les Belges apprenaient la signification du mot lockdown. Les premières victimes de la Covid tombaient, avec une vitesse exponentielle qui, aujourd’hui encore, demeure difficilement maîtrisable, si ce n’est qu’au prix de lourds sacrifices et avec une mise sous tutelle de nos libertés. Mars, c’est malheureusement aussi le rendez-vous avec les commémorations desdits « attentats de Bruxelles ». Avec cette année, un triste anniversaire : celui des cinq ans de ces funestes événements. Et là encore, la découverte pour les Belges d’une remise en question de certaines libertés et d’entorses aux droits fondamentaux. Mais surtout une fâcheuse tendance au statu quo, à l’oubli de réhabilitation de droits qui ont à l’origine été affaiblis sous couvert de l’urgence. Mars, c’est également le mois des droits des femmes. Celui où les féministes ont peut-être davantage la parole que d’usage. Mais leurs voix, leurs combats sont aujourd’hui morcelés par différents courants. Pourtant, à trop vouloir prêcher pour sa chapelle (sans mauvais jeux de mots, cela va sans dire), le risque n’est-il pas abyssal que les objectifs à atteindre se noient dans la dilution des luttes intestines ?
Minute, papillon ! Quels liens entre ces trois événements martiens évoqués ci-dessus ?
Un truc vieux comme le monde : la division. Celle qui existe entre les personnes à risque à protéger et celles qui ont envie de « vivre comme avant », celle qui existera entre les primo-vaccinés et les moins « chanceux » qui devront encore attendre des mois, entre ceux qui recevront le vaccin efficace à 95 % et ceux qui le recevront celui de 60 %, entre ceux qui pourront voyager munis de leur passeport vaccinal et les autres ? Mais encore : la division entre les autochtones et les allochtones, entre les migrants issus de pays sans avenir et les ressortissants d’eldorado ou de pays supposés comme tels, entre les croyants et les non-croyants, entre les femmes blanches, de couleur, discriminées pour telle ou telle particularité.
Tous ces combats sont légitimes, ne nous méprenons pas. Mais vous savez ce qui me préoccupe là-dedans ? C’est qu’à force de nous pencher davantage sur ce qui nous divise plutôt que sur ce qui pourrait nous réunir, nous nous laissons endormir face aux dangers qui risquent bien de nous submerger. Toutes et tous. Partout dans le monde. Quelles que soient nos spécificités, nos particularités. Dans certains États européens et ailleurs, ces politicien.ne.s xénophobes et autoritaristes qui atteignent le pouvoir sans trop d’encombres en installant ensuite des démocraties illibérales. Ces groupuscules ouvertement racistes, sexistes et fascisants, qui recrutent nos jeunes. Ces entreprises qui commettent des écocides depuis des siècles en toute impunité. Ces émissions de CO2 de trop, qui pourrissent l’atmosphère. Ces drones et caméras de surveillances qui scrutent nos villes, etc. Et quand viendra le temps de réagir, à J-1, pensez-vous que c’est divisé.e.s que nous y parviendrons ?