Espace de libertés | Mars 2021 (n° 497)

Huit femmes et des pseudo-poilus


Des idées et des mots

Notre sélection de livres 100  % féminins et féministes se poursuit avec un des vingt-deux romans soumis au vote du public dans le cadre du premier prix littéraire des Grenades (le média féministe de la RTBF) en décembre dernier. Entre la Renaissance et les années 2020, l’histoire des femmes et de leur émancipation se campe ici en Belgique pendant et juste après la Première Guerre mondiale, sur fond d’épidémie de grippe espagnole. À travers huit récits à la première personne, on partage quelques années de la vie d’Hélène, Maryse, Nicole, Lucie, Margreet, Raymonde, Antoinette, Greta et Agnès, femmes et filles « de », vampires, démembrées, esseulées, endeuillées, trompées par la guerre et par leur mari, infidèles aux ailes brûlées  : des gueules cassées et des cœurs brisés qui trouvent la force inouïe de se relever. Si l’on aime la pluralité des petites histoires inspirées de la grande, derrière l’ordre, la morale et le modèle établi de l’époque, on aime aussi la collection de « portraits en mosaïques » dans laquelle ce recueil de nouvelles vient s’intégrer, « le reflet d’une Belgique  : celle de l’auteure ». Et la Belgique sur laquelle la réalisatrice et romancière Marianne Sluszny s’attarde est celle d’une des périodes les plus noires de l’histoire. Noire comme l’encre dans laquelle elle a trempé sa plume pour raconter ce temps où les fonctions des femmes se résumaient à faire des enfants, à travailler dur et à être asservies, par leur mari et par l’Église aussi. Une période noire comme le terreau de la résilience et de l’émancipation. (ad)