Déjà récompensé par de nombreux prix, Peau d’homme est un subtil, malicieux et un brin libertin roman graphique scénarisé par Hubert, dessiné et colorisé par Zanzim. En plein quattrocento, dans une ville qui pourrait être Florence, la juvénile Bianca s’apprête à épouser Giovanni, le mari peu empressé que lui ont choisi ses parents. Si celui-ci a l’air bien sous tous rapports, la jeune fille regrette cependant d’en savoir bien peu à son propos. Finaude, elle s’en ouvre à sa bonne tante et marraine qui lui révèle un secret jalousement gardé par les femmes de la famille depuis des générations  : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca se mue en un magnifique éphèbe du nom de Lorenzo. À elle dès lors d’expérimenter le monde des hommes sous cette nouvelle apparence et d’en découvrir plus sur son futur époux. Mais que l’on ne s’y trompe pas, ce conte à l’allure médiévale parle aussi de notre temps et aborde, derrière une supposée frivolité, des sujets diablement contemporains. En effet, pensée par son scénariste Hubert en réaction aux discours conservateurs proférés en France contre le mariage pour tous, elle s’érige en véritable manifeste contre l’homophobie et pour le respect de l’identité sexuelle. Elle interroge abondamment le statut des hommes ainsi que la place des femmes dans la société. Elle offre également une réflexion sur les menaces aux libertés que représentent les fanatismes et les intégrismes religieux. Le dessin stylisé, inventif et lumineux de Zanzim constitue un magnifique écrin à ce récit pétillant empreint d’humanisme et d’esprit de liberté. Une jolie fable optimiste qui fait du bien, chaleureusement recommandée en ces temps troublés. (ac)