Grégory Aimar n’en est pas à ses premiers écrits sur l’humanité et son devenir. Ancien journaliste et réalisateur, l’auteur français s’offre et nous offre, avec ce premier roman, une immersion complète dans ses thèmes de prédilection : la science, la technologie, la psychologie et la spiritualité. La question qu’il pose en sous-titre peut surprendre, car la plupart des transhumanistes sont athées et privilégient la méthode scientifique à la croyance. Mais transhumanisme et religion semblent répondre à un même besoin de transcendance. Une des questions sous-jacentes contraint le personnage principal à un jeu de yoyo entre conviction et doute : ce lien, cette connexion virtuelle permanente est-elle bénéfique pour l’humanité ? L’histoire est celle de Damian Goodwill, jeune homme torturé qui, en 2025, dans un monde dominé par les technologies, décide de succomber aux chants de la sirène MAÏA, l’intelligence artificielle centrale, et de devenir posthumain. Après l’émerveillement du début lié aux potentialités infinies offertes par les greffes d’organes augmentés et par la puce IAM (pour intelligence artificielle mimétique) implantée dans son cerveau, au fil des mises à jour, les chimères du transhumanisme laissent progressivement place à une profonde solitude. Car le réseau MAÏA, la PostTerre et les mondes virtuels déconnectent d’une chose, essentielle : la vie réelle. Que faire de ses nuits quand on n’a plus besoin de dormir ? Comment exploiter tous ces savoirs à portée de main ? Comment rester sain d’esprit quand la machine répond à notre place ? Tenter de refouler ses doutes et se muer en messager, c’est la voie choisie un temps par notre protagoniste. Sur un plateau TV, un débat contradictoire entre Damian, devenu porte-parole du mouvement post-humaniste, et Adam Talos, philosophe humaniste pour qui transhumanisme signifie captivité et mort – et non liberté et immortalité –, sert de prétexte et de terrain à la mise en balance d’arguments riches et étayés. Roman – à peine – d’anticipation, I. AM met les deux pieds dans le présent et nous invite, malgré tout, à continuer de rêver et de voyager dans l’imaginaire.
Des idées et des mots