Ce « coup de pholie » phosphorera sur l’infox, un mot pour un autre, composé, celui de fake news qu’on entend tant. L’infox se propose parfois comme une sorte de phare, de phare mais si, de pharmacie au charme rassis : il est viatique puissant mais aussi poison fatal, médicament quoique cancer à la fois. Hölderlin nous le prescrivait en poète : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve. » Abraham Lincoln aussi, qui nous mettait en garde : « Là où croît la sauge, croît aussi le persil. »
L’infox, à la seule condition qu’elle ne surabonde pas, devenant alors surinfox, est quelquefois bonne. Qu’on en tienne pour preuve les seuls évènements suivants : les extraterrestres sont là quelque part, mais muets ; Hitler a survécu, en Argentine sans doute ; Dieu a ressuscité, après une longue pause-café : trois jours tout de même ; la Terre est plate et ronde – un disque à la rigueur, okay, point une sphère. Cocasse, non ? Pensez ! la Terre est plate. Surtout à Lourdes quand une Martienne fluorescente y prêche une énième croisade contre des Juifs argentins.
Bien qu’amusantes parfois, il faut toujours, en vérité, se dresser contre les contre-vérités. Par chance, la sauvage infox se laisse également dresser, on en fait alors infox terrier : ce petit animal, attachant et remuant, se couche devant la science, sensible qu’il est à la promesse du bâton des chiffres, des données et des faits. Il suffit de brandir régulièrement ce dernier avec ostentation. De mauvaise grâce, la bête se prosterne alors, si l’on l’y force. À ce moment, il faut en profiter pour castrer l’infox terrier ; sinon, il trouve un partenaire et se reproduit avec, produisant la surinfox, redoutable croisement de l’infox terrier et de la média-crité. Et, je ne tais rien aux Terriens : la surinfox n’est pas domestique, n’est pas terrier, elle est terrible. Elle a juré de dévorer notre monde et de vomir nos sociétés.
Ça ne promet pas d’être a piece of cake de digérer les fake news, ce pudding à l’arsenic, car notre fertile imagination en constitue la levure et notre crédulité tient lieu de sucre en poudre. Pour peu que notre paresse intellectuelle n’ait pas déjà trop crû, ne gobons donc pas tout tout cru : ne sera cru que ce que nous pourrons savoir ou discerner.