Espace de libertés | Janvier 2019 (n° 475)

Nous aurions voulu ne pas devoir remettre le couvert, à l’aube de cette année nouvelle. Sourire de nos craintes de l’an passé, alors que, dans ce même édito, nous redoutions déjà la montée en puissance des populismes et de l’extrême droite, lors des différentes échéances électorales européennes. Un vœu pieux, si j’ose dire…

La contamination a néanmoins gagné du terrain. Et les cordons sanitaires se montrent fort ténus face à cette vague brune. Plus de 5 500 personnes dans les rues de Bruxelles en décembre dernier ont défilé sous la bannière  de l’extrême droite et consorts. Ici aussi, cela se gangrène.
Hasard conjoncturel ? Sûrement pas. Car au-delà des votes de rejet, des difficultés socio-économiques qui peuvent inciter certains de nos concitoyens à opter pour « les alternatives », ne soyons pas dupes, cette viralité radicale n’est pas le fruit du hasard. Les cercles populistes s’activent sous la houlette de forces orchestrées vers un but précis : les élections européennes. Avec la volonté d’accroître la représentativité des valeurs extrémistes et traditionalistes au sein de ce cénacle décisionnel de première importance pour l’avenir de nos pays. Ce n’est guère fortuit si  la mouvance d’extrême droite gagne en visibilité, lorsque l’on sait que l’artisan de la victoire de Donald Trump, Steve Bannon, l’ancien magna de la revue radicale Breitbart, est entré dans la danse. En créant sa fondation, Le Mouvement, il n’a nullement caché son dessein de fédération des partisans européens d’extrême droite, des populistes et autres eurosceptiques du style de Nigel Farage, pour paralyser l’Europe. Bannon passe d’ailleurs la moitié de son temps sur le vieux continent depuis plusieurs mois, en organisant des rencontres avec Matteo Salvini, Marine Le Pen, Viktor Orbán, ou le Vlaams Belang… Mais ces partis aux idées concomitantes ont le nationalisme souverainiste dur, et l’idée de se laisser instrumentaliser par un « gourou » américain en refroidit aussi plus d’un. Trop de coqs au-dessus d’un tas de fumier ? Voilà peut-être ce qui sauvera l’Europe de ce « mouvement ». Mais aussi et surtout, la mobilisation de la société civile.
Une transition toute trouvée pour rappeler que le Centre d’Action Laïque (CAL) s’active encore et toujours pour défendre l’ensemble de nos libertés. Ceci, depuis 50 ans ! 2019 sera en effet celle d’une date anniversaire pour le CAL, qui poursuit sans retenue son engagement pour la défense de la laïcité et des droits fondamentaux depuis un demi-siècle. Une année que toute l’équipe d’Espace de Libertés vous souhaite à la fois douce et engagée, pour la défense des valeurs émancipatrices que nous chérissons.