La critique de l’Intrumentum laboris du synode des évêques, formulée lors de l’interview accordée au journal Le Soir, n’est pas passée inaperçue. Les protestations précipitées (et assez confuses) des édiles catholiques témoignent de leur malaise et visent davantage le fait de m’être exprimé –dans un domaine revendiqué comme chasse gardée– plutôt que le contenu du propos.
On peut le comprendre.
Parce que le document de travail du synode, nous l’avons lu et analysé en profondeur. Et les appels à la concorde n’en changeront pas le contenu: il y est bel et bien inscrit, dans ce langage semi-codé qui fait le charme de la littérature vaticane, que les droits humains et la science sont considérés par Rome comme un défi. Que le pire sort qui puisse échoir à l’homme serait de se rendre maître de sa propre existence. Que la famille respectueuse de la loi naturelle (réputée, à l’évidence, universelle) et les écoles catholiques (financées en Belgique par le contribuable…) seront les relais de l’évangélisation.
La façon dont y sont traités les homosexuels, ces malheureux égarés qu’il faut aider dans leur détresse est clairement discriminatoire.
Soyons donc vigilants. Permettons à nos amis chrétiens de ne pas se laisser enfermer dans la caricature qui tue le dialogue. L’Église s’exprime librement dans l’espace public. Elle doit accepter la critique dans le même espace, singulièrement lorsque ses prises de position affectent la vie et les droits de nos citoyens, fussent-ils membres de sa communauté.
Sur les questions d’éthique et de famille, le monde chrétien est largement pluriel. Une récente étude française publiée par Le Monde fait apparaître que 90% des catholiques français ne partagent pas l’avis du Vatican sur l’avortement…
Le pape François, pour le coup, paraît plus lucide que ses évêques. Et je ne puis moins faire que m’associer à sa mise en garde: « Les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables. »