Cela fait un petit temps maintenant que la police est sur la sellette. Ceux qui étaient encensés encore il y a peu, au moment des attentats de 2015 et de 2016, semblent à présent devenir une cible au gré des révélations dans le monde – de plus en plus nombreuses malheureusement – de comportements inacceptables des forces de l’ordre. Ainsi en va-t-il des crimes raciaux aux États-Unis et de la répression des Gilets jaunes en France. Même notre petit pays n’échappe pas à cette tendance, comme en témoigne la création récente d’un Observatoire des violences policières. Dans ce contexte, la lecture de Flic de Valentin Gendrot est intéressante à plus d’un titre. Durant deux années qui, visiblement, lui ont paru un peu longues, le journaliste s’est infiltré dans la police nationale française. Après une courte formation, se présentant dans l’un des statuts les plus précaires – adjoint de sécurité – et au bas de l’échelle du système policier français, il nous raconte son quotidien, nous décrit une structure rigide et vieillotte. Et surtout, il nous livre de façon brute son ressenti et ses questions face à un climat de violence qui lui semble consubstantiel à son environnement d’enquête. Certes, ce récit de comment « un journaliste a infiltré la police » cible des lieux fort particuliers et toute généralisation est sans doute hasardeuse. Cependant, l’un de ses constats interpelle : loin d’accabler ses ex-collègues, il s’interroge : « Est-il raisonnable de former des représentants de la loi à la va-vite, de les placer dans des conditions de travail dégradées et d’exiger qu’ils soient des modèles de vertu ? » Avec pour conséquence que, si dérapage il devait y avoir de la part de policiers, la « hiérarchie n’a pas le choix [car,] à force de demander l’impossible à des hommes et à des femmes de terrain, elle ne peut ensuite que les couvrir ». À méditer en ces temps incertains… (bvdm)
Des idées et des mots