Un site « Seveso » est lié à l’exploitation de substances dangereuses; or, les « infox » – les fake news – sont de délétères ousia (en grec, « substance », du moins d’après saint Thomas d’Aquin, le père des fake news, vu la façon dont il interprète Aristote). Tout réseau social se montre donc potentiellement explosif : il abrite des trucs qui nous pètent à la figure. Déroute à Beyrouth.
Les humains ont tendance à croire, non ce qui est vrai, mais ce qui leur paraît chouette; et, plus ça semble cool, moins ils demandent de preuves. Dans un monde où l’on peut draper d’ors séduisants n’importe quel bibelot, bref, où l’on peut « photoshoper » n’importe quelle extravagance pour la rendre vraisemblable et charmante, il y a tout lieu de craindre Seveso sociaux.
Pourtant. Nous y sommes, pour la plupart, attachés. Ça crée du lien (et l’on sait combien, souvent, les solvants de la colle sont inflammables). Ça passe le temps (or, le temps, c’est de l’argent, et l’argent, c’est le nerf de la guerre; donc, le temps, c’est le nerf de la guerre). Ça nous délasse (hélas ?) parmi mille illusoires délices. Il y a donc à boire – mais c’est alcoolisé – et à manger – quoique c’est gras – dans Seveso sociaux. On devrait fiche par conséquent des étiquettes « à consommer avec modération » et « indice E » sur tout site social risqué, ça lierait l’alimentaire à la lie menteuse. Sarvam annam, « tout est nourriture », disent les hindous. Quelquefois. Quand ils se sentent l’humeur à philosopher. Excluant au passage (à niveau) les vaches sacrées, qui peuvent regarder les trains sans craindre, elles, de devenir nourriture.
Cette relative mauvaise foi mise à part, il apparaît en général meilleur de surveiller ce que nous consommons, quelle qu’en soit la façon, matérielle ou spirituelle, car ça nous construit à l’avenant. Veiller, chacun, à son régime (virtuel) permet ainsi de sauvegarder notre régime (politique).