Espace de libertés | Janvier 2020 (n° 485)

Des idées et des mots

Qui oserait aujourd’hui le nier : l’accès au savoir constitue un droit humain fondamental. Pour conduire à une réelle égalité, celui-ci se doit d’être identique pour tous. Pourtant, dans de nombreuses régions du monde, les filles continuent à se voir refuser la possibilité même d’un enseignement. En Belgique, si ce n’est heureusement plus le cas, force est de constater qu’il s’agit d’une avancée récente. Trop longtemps, en effet, « l’idéal de la femme » y fut également au foyer. C’est ce que vient nous rappeler très opportunément l’ouvrage Comment l’instruction laïque vint aux filles… Focus liégeois, corédigé par Françoise Bovy-Liénaux, Marcella Colle-Michel et Myriam Kenens, initiatrice et coordinatrice de l’ouvrage. Bien que centré sur la région liégeoise, l’ouvrage dresse un panorama de l’histoire de l’enseignement dans nos régions pour mieux contextualiser son propos. Il constitue également une contribution à une meilleure connaissance de l’histoire de l’émancipation des femmes en Belgique. Les auteures y pointent la très lente évolution des mentalités, même au sein des milieux laïques, en matière d’éducation des filles. Elles nous donnent à comprendre comment la ségrégation entre les filles et les garçons a été instaurée et perpétuée dans l’enseignement. Les programmes des cours demeurèrent en effet très différenciés jusqu’à la première moitié du xxe siècle et nombreuses d’entre elles furent cantonnées aux écoles-manufactures avec pour programme : tâches ménagères, économie domestique… L’ouvrage se veut en outre un hommage aux oubliées de l’histoire ainsi qu’aux pionnières de l’éducation des filles parmi lesquelles Zoé de Gamond, Isabelle Gatti de Gamond, Marie-Louise de Beauvoir… Et, bien sûr, Léonie de Waha (1836-1926), qui a fondé l’Institut supérieur des Demoiselles à Liège en 1868, premier établissement belge à offrir aux filles un cursus complet du primaire au secondaire. (ac)