Espace de libertés | Décembre 2019 (n° 484)

Quoi?!

Enfin libre ! Après une véritable tempête médiatique qui a secoué l’ensemble du pays, voilà que la journaliste marocaine Hajar Raïssouni, condamnée à un an de prison ferme et une amende de 500 DH pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage », quitte la prison après 47 jours de vie carcérale. Kif-kif pour son fiancé soudanais et l’ensemble de l’équipe médicale. Tous ont été graciés par le roi Mohammed VI, le 16 octobre dernier. Tout au long de son procès, la journaliste de 28 ans dénonçait l’instrumentalisation politique de cette « affaire ». Elle considérait son procès comme un « règlement de comptes envers [s]a famille, [son] journal et [elle]-même », puisqu’elle est à la fois la nièce du rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Al Youm (critique vis-à-vis du Palais), et du fondateur du Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR), proche de la formation islamiste au pouvoir depuis 2012. Raïssouni avait d’ailleurs nié en bloc le fait d’avoir avorté, justifiant son intervention médicale par une hémorragie interne. Au-delà du cheminement de la jeune femme, cette histoire a mis en lumière, encore une fois, la fragilité des droits individuels et de la condition des femmes dans une société patriarcale fortement marquée par le religieux. Le corps des femmes appartient encore bien trop souvent à l’État, au souverain, à l’imam, à la communauté, pas assez aux premières concernées. Dans certains pays comme le Maroc, c’est encore au nom de la religion érigée au rang de loi que les femmes sont dépossédées de leur corps et de leur sexualité. (db)