« Pour une migration sûre, ordonnée et régulée » : le pacte mondial qui sera signé à Marrakech ces 10 et 11 décembre apporte une lueur d’espoir.
« Migrer ne devrait jamais être un acte de désespoir. Quand c’est le cas, nous devons coopérer pour répondre aux besoins des migrants dans les situations de vulnérabilité et relever les défis qu’ils soulèvent. […] Pour ce faire, nous nous engageons à faciliter et à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières pour le bénéfice de tous. »
Alors que les politiques migratoires se durcissent en Europe et aux États-Unis, l’ONU a démontré que le multilatéralisme n’était pas un vain mot, en s’accordant le 13 juillet dernier sur le texte de ce pacte. Au total, 192 États membres des Nations unies – excepté les États-Unis, qui se sont retirés des négociations en décembre – ont entériné l’idée d’un nouveau texte qui viendra renforcer la déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants de 2016.
Le pacte, qui repose sur vingt-trois objectifs, est « un guide des bonnes pratiques et un catalogue de solutions », résume Louise Arbour, la représentante spéciale du secrétaire général sur la migration, et ancienne haut-commissaire aux droits de l’homme. Départ, transit, accueil, travail, accès aux services sociaux, retour et réintégration, il couvre tout le spectre de la migration sur fond de défense de droits de l’homme. Et de l’enfant, avec un bémol cependant, car il n’interdit pas par exemple la détention des mineurs, précisant qu’elle ne doit intervenir « qu’en dernier recours ».
Selon François Gemenne et Pierre Verbeeren, auteurs de Au-delà des frontières. Pour une justice migratoire (Liberté j’écris ton nom, 2018) : « Durant les négociations, Louise Arbour n’a cessé de marteler que les gouvernements ont une responsabilité écrasante sur le discours qui est tenu à propos des migrants : “Il faut passer à un autre discours, plus factuel.” Au moment de mettre un point final au pacte, un des deux co-facilitateurs, le représentant permanent du Mexique auprès des Nations unies, Juan José Ignacio Gómez Camacho, ne disait pas autre chose : “La raison pour laquelle le processus de négociation du pacte mondial a été couronné de succès, c’est tout simplement parce que nous nous sommes basés sur des faits et des preuves. Pas sur des perceptions et des préjugés.” »